Vérité de situation :
quand un bon missile vaut mieux qu’un long discours…

Russian Kh-101 Air-to-Surface Cruise Missile: Unique and Formidable


Le missile russe de croisière air-Surface Kh-101, unique et redoutable


Andrei AKULOVPar Andreï Akulov – Le 19 octobre 2016 – Source Strategic-Culture

Les événements récents en Syrie ont à nouveau mis en évidence l’utilité des missiles de croisière pour frapper des cibles en profondeur dans le territoire ennemi. Les opérations de combat font la démonstration des progrès de la technologie des missiles de croisière et des nouvelles armes. 

«Les armes russes modernes ont prouvé leur fiabilité et leur efficacité en Syrie», a déclaré le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou.

«Les aéronefs de l’aviation stratégique ont utilisé, pour la première fois, des missiles air-sol Kh-10, d’une portée allant jusqu’à 4 500 kilomètres dans des conditions de combat réelles», a ajouté le ministre.

La nouvelle arme a été testée pour la première fois en Syrie le 17 novembre 2015.

Ce jour-là, deux bombardiers stratégiques Tu-160 ont décollé de Engels, une base aérienne près de Saratov, pour lancer 16 missiles Raduga Kh-101 contre les positions de État islamique.

Cela a été le premier combat pour le nouveau missile de croisière, ainsi que pour le Tupolev Tu-160 Blackjack comme moyen de transport. Les bombardiers stratégiques lance-missiles de croisière à longue portée russe et soviétique n’avaient jamais été utilisés auparavant dans des guerres locales. Le Tu-160 est le plus lourd des avions de combat stratégique jamais construits.

Le missile Raduga Kh-101 a été initialement développé dans une version équipée d’une ogive militaire non nucléaire (Kh-101) et une autre avec ogive nucléaire (Kh-102). Le missile peut être équipé d’explosifs puissants, pénétrants, ou de bombes à sous-munitions. L’ogive conventionnelle emporte 400 kg d’explosifs. L’ogive nucléaire est considéré comme un dispositif de 250 kt [Pour mémoire, 15kt à Hiroshima, NdT].

Le Kh-101 équipe les bombardiers Tu-160 (douze missiles), Tu-95MS16 (huit missiles), Tu-22M3/5 (quatre missiles) et Su-34 (deux missiles). L’arme peut être lancée par un avion à une altitude de 3 000 à 12 000 m, volant à une vitesse de l’ordre de 900 km/h. L’arme n’a pas de booster. Elle doit être lâchée pour lui donner une vitesse initiale.

La portée maximale est 5 500 km (3 418 miles), une vitesse de croisière de 700-720 km/h, une vitesse maximale 970 km/h et une autonomie de vol de 10 heures. Certaines sources disent même que la portée maximale peut aller jusqu’à 10 000 km. Sa longue portée lui permet de frapper des cibles profondes à l’intérieur du territoire de l’ennemi sans menace pour la plate-forme de lancement. Les bombardiers ne doivent pas, en général, pénétrer dans l’espace aérien ennemi. Ils peuvent lancer les missiles de croisière à distance de sécurité.

Les nouveaux missiles offrent à la flotte de bombardiers russes une capacité de frappe de précision à longue portée qui était jusque-là de la seule compétence de l’US Air Force. Le missile de croisière air-sol (ALCM) a un poids de combat de 2 400 kg (y compris une ogive d’une longueur de 745 cm), et une vitesse de Mach 0,6 à 0,78. L’altitude de vol est de 30 à 6 000 m. La déviation maximale est de 20 mètres. La précision pour les cibles mobiles est de 10 m. La plus haute précision de 5 m. Il peut accélérer à une vitesse maximale de 2 220 km/h et monter à une altitude maximum de 15 000 m.

Le nouveau missile de croisière russe est censé être en mesure de corriger sa trajectoire de vol. Il dispose d’une faible signature radar. En particulier, un système de correction de vol opto-électronique est utilisé à la place d’un radio-altimètre. L’arme, avec ses caractéristiques de furtivité radar, fait peser des menaces uniques, car elle peut tromper les défenses en volant à basse altitude, ce qui évite les radars, en se cachant derrière le terrain. Certains missiles de croisière plus récents sont encore moins visibles aux radars ou aux détecteurs infrarouges.

Avec la configuration de «torpille aérienne», le missile a une faible signature radar transversale d’environ 0,01 mètres carrés. Raduga vante ses ailes en flèche et utilise des matériaux à absorption radar, des antennes conformes, et d’autres technologies de furtivité.

Le missile utilise une carte du relief stockée dans son ordinateur de bord, ainsi qu’une recherche TV pour la phase terminale de vol. Le missile utilise une combinaison de guidage inertiel et de navigation par satellite avec le système russe GLONASS, pour tracer le réseau de nœuds prédéterminés afin d’éviter les obstacles ou les défenses aériennes. Il pourrait avoir un système de guidage terminal en imagerie infrarouge. Serrant la topographie terrestre, il peut se déplacer au plus haut niveau des arbres pour rester bien en dessous du radar ennemi. Les données géographiques préprogrammées et les capteurs embarqués aident à éviter les collisions avec des obstacles sur le terrain.

Le Kh-101 a un profil de vol variable à des altitudes allant de 30-70 m à 6 000 m, une vitesse de croisière de 190-200 m/s et une vitesse maximale de 250-270 m/s.

Le missile est annoncé avec une probabilité d’erreur circulaire inférieure à 6 m, (30 pieds) à la portée maximale. Au cours de sa phase terminale, le missile localise sa cible grâce à une combinaison de coordonnées et à la reconnaissance d’image à bord, comparant ce que le missile voit en face de lui à une image téléchargée de la cible. Si tout se passe comme prévu, la charge utile est alors guidée directement sur la cible pour un choc violent.

Les spécifications du Raduga en font une arme unique. Personne, pas même les États-Unis, n’a d’équivalent. Les avions américains sont actuellement sensiblement plus mal équipés : la portée opérationnelle du Kh-101 russe dépasse celle de tous les analogues américains de plus du double. La combinaison d’un bombardier stratégique et de missiles de bataille très précis avec une telle portée donne à la Russie la possibilité de frapper toute cible dans le monde avec un court préavis.

Andreï Akulov est colonel en retraite, il vit à Moscou, il est expert sur les questions de sécurité internationale

Traduit et édité par jj, relu par nadine pour le Saker Francophone

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