US : le phénomène Tulsi Gabbard en tant qu’outil de diagnostic


Par The Saker – Le 15 février 2019 – Source The Saker via Unz Review

Demandez-vous : pourquoi les libéraux détestent cette dame ?

Depuis que Tulsi Gabbard a annoncé sa candidature à la présidence des États-Unis en 2020, sa personnalité et sa candidature ont fait l’objet de débats animés. Après avoir posté un petit message d’elle, j’ai reçu des courriels paniqués m’annonçant qu’elle était un faux nez et que je devrais « sauter du train » ou la soutenir.

Donc, avant tout, non, je ne la soutiens pas, je répète : en aucune manière.

Cependant, je la trouve, elle, et ce qui se passe autour d’elle, extrêmement intéressant et je souhaite l’examiner de plus près. Ce ne sera pas un examen ou une analyse de ses idées, de son programme politique ou de ses chances d’être élue. Je n’essaierai pas non plus de lire dans ses pensées, de faire ce que font tant de gens et de déclarer en toute confiance que je connais ses vraies valeurs, ses idées ou ses projets. Ce n’est pas le cas.

Mais il y a quelques petites choses que l’on peut déjà observer à son sujet et que je souhaite commenter.

Premièrement, on pourrait imaginer qu’elle serait la candidate « rêvée » du parti démocrate : c’est une femme, elle n’est pas blanche, elle a des références patriotiques impeccables, elle est à la fois très belle et très intelligente, elle n’a aucune casserole dans son passé – du moins aucune que nous connaissions pour le moment – et elle n’est pas associée au tristement célèbre gang des Clinton. Alors, qu’est-ce que vous n’aimez pas chez elle si vous êtes démocrate ?

Comme nous l’avons tous vu, l’héritage présumé « libéral » des Siomedias [médias sionistes, NdT] déteste avec passion Tulsi Gabbard. Peut-être pas autant que Trump ou Poutine, mais néanmoins – les niveaux d’hostilité à son égard sont vraiment incroyables. Cela peut sembler étrange tant que que vous ne réalisez pas que, tout comme Donald Trump, Tulsi Gabbard a dit tout ce qu’il fallait de bien à propos d’Israël, mais que cela ne suffisait pas pour « plaire » au Siolobby.

Découvrez le genre de discussions sur Gabbard qui peuvent être trouvées dans la presse israélienne et pro-israélienne :

Ceci est juste un petit échantillon de ce que j’ai trouvé avec une recherche rapide. On pourrait résumer cela par « Gabbard n’est pas assez pro-israélienne ». Mais est-ce vraiment la raison principale d’une telle hostilité envers elle ?

Je ne le pense pas.

Je crois que le véritable « péché ultime » de Gabbard est d’être opposée aux guerres de choix menées contre les pays étrangers. C’est vraiment le crime des crimes !

Les Anglo-sionistes voulaient écarteler la Syrie, la diviser en plusieurs morceaux, dont la plupart seraient dirigés par des Takfiris fous. Tulsi Gabbard a même osé aller parler à l’« animal Assad », le dernier « nouvel Hitler », qui « gaze son propre peuple ». Et il y a un crime encore pire, oui c’est possible ! Elle a osé désobéir à ses maîtres anglo-sionistes.

Donc, apparemment, s’opposer aux guerres illégales et oser désobéir aux néo-conservateurs sont des crimes d’une telle ampleur et d’une telle vilenie qu’ils méritent la campagne hystérique sus-à-Gabbard dont nous avons été témoins ces derniers temps. Et même le fait qu’elle soit non chrétienne, non blanche, non mâle et « libérale » ne compense en aucune manière le caractère odieux de ses crimes.

Qu’est-ce que cela nous dit de la vraie nature de la société américaine ?

L’apaisement ne fonctionne jamais avec les néocons. C’est seulement barre-toi !

Il est également intéressant de noter que les attaques les plus vicieuses – et les plus stupides – contre Gabbard ne viennent pas des médias ou des journalistes « conservateurs ». Pas du tout ! La plupart des attaques, en particulier les plus vicieuses, ont pour origine des sources soi-disant libérales, qui nous disent qu’en 2019, les libéraux américains ne désignent pas des gens qui ont des idées libérales, mais des gens dévoués à l’impérialisme et à la guerre ; des gens qui se moquent des valeurs libérales et qui utilisent une rhétorique pseudo-libérale pour plaider en faveur des guerres hors des États-Unis et d’une dictature ploutocratique à l’intérieur.

Quant à Gabbard elle-même, elle a déjà réussi à rétro pédaler publiquement pour un lobby odieux – le lobby homo – sur la question du mariage – voir ici, ici, ici et  – et je m’attends vraiment à ce qu’elle cède au lobby sioniste, comme Trump le fait tous les jours depuis son arrivée à la Maison Blanche. Apparemment, des personnalités publiques américaines comme Gabbard et Trump ne comprennent toujours pas le simple fait qu’aucun degré de soumission à l’humiliation ne pourra jamais apaiser les néocons ou le Siolobby.

Aparté :

Un “défoncé abaissé” typique (et non, en Russie ils ne sont pas présidents !)

Toute cette affaire concernant la députée Ilhan Omar a également illustré quelque chose de très important sur la personnalité de Donald Trump. 

Laissez-moi vous expliquer:

Au mauvais vieux temps de l'Union soviétique, l'une des astuces utilisées par l'administration de la prison ou du camp pour briser un prisonnier - politique ou non - consistait à l'enfermer dans une cellule avec les soi-disant coqs. Dans l’argot du monde criminel russe, les coqs constituent la catégorie de prisonniers la plus basse - dans une hiérarchie assez complexe : les coqs sont des homosexuels, des violeurs, des agresseurs d’enfants ou des hommes qui ont été abaissés à ce statut en punition pour un type d'action que les criminels jugent répréhensible - comme fréquenter d'autres coqs, s'asseoir par erreur à côté de l'un d'eux, ne pas rembourser une dette de jeu, etc.

Je n'entrerai pas dans tous les détails ici, mais je dirai simplement qu'il était bien connu, dans les prisons et camps soviétiques, qu'une personne qui a commis une sorte de violation de la règle peut être abaissée au statut de coq, et que l'administration de la prison ou du camp utilise souvent cet homme comme coq de combat en l'envoyant attaquer et même violer un prisonnier qu'il faut briser. Et il va sans dire qu'après avoir été violé par de tels coqs, vous obtenez vous-même ce statut pour le reste de votre vie.

Dans le cas de la députée, Ilhan Omar, Trump s'est comporté comme un « coq de combat abaissé », envoyé pour maltraiter quelqu'un d'autre au nom de l'administration de la prison ou du camp. Trump devrait savoir que les accusations d’antisémitisme sont absolument fictives. C'est juste un artifice verbal utilisé par AIPAC/ADL/etc. pour fouetter les adversaires. En fait, tout ce qu'Omar a fait, c'est dire sur Twitter que certains membres du Congrès soutiennent Israël parce qu'ils collectent des fonds auprès de groupes juifs tels que le Comité américain des affaires publiques israéliennes (AIPAC). Fichtre ?! Est-ce vraiment une nouvelle pour quelqu'un ? Trump lui-même l'a mentionné pendant cette campagne.

À propos, voyez comment la députée Ilhan Omar met sur le grill ce fils de pute d'Abrams. Cette jeune femme a clairement plus de courage et d'intégrité que tous ses collègues pris ensemble !

Mais les néocons ont maintenant ramené Trump au statut de coq et il agit maintenant comme un coq de combat volontaire pour le compte de ceux qui l'ont abaissé à ce statut, ce qui fait de Trump le type le pire et le plus méprisé de coq : celui qui sert volontiers ses propres violeurs. Voyez par vous-même :

 

Ce qui est étonnant, c’est que Trump semble être complètement inconscient de son attitude absolument déshonorante, insensée, soumise, faible et lâche à chaque fois qu’il essaie de lécher aussi effrontément le cul des néocons. Assurément, le narcissisme n'inclut pas la possibilité de reconnaître le regard des autres.

En fait, une des deux choses suivantes sont les plus susceptibles de se produire ensuite :

  • Tulsi Gabbard reste fidèle à ses idéaux et à ses opinions et ne reçoit pas d’argent pour sa campagne.
  • Tulsi Gabbard céde aux néocons et à l‘État profond et elle devient une autre Obama ou Trump.

D’accord, en théorie, une troisième option est possible – ne jamais dire jamais ! – mais je vois cela comme hautement improbable : Tulsi Gabbard suit les traces de Trump et est élue malgré une campagne de haine massive menée par les médias contre elle, et une fois à la Maison-Blanche elle fait ce que Trump a omis de faire et appelle directement le peuple américain à la soutenir dans une campagne impitoyable visant à « drainer le marais » – c’est-à-dire montrer la porte aux néocons et à leur État profond . C’est ce que Poutine a fait, au moins partiellement, lorsqu’il est arrivé au pouvoir. Franchement, malgré toutes ses qualités bien réelles, elle ne me semble pas être une « Poutine américaine » et ne dispose pas non plus du soutien institutionnel et populaire de Poutine. Donc, même si je ne dirai jamais jamais, je ne me fais pas d’illusion à ce sujet…

Enfin, si Gabbard est réellement « pour de vrai » ce qu’elle semble être, alors l’État-profond lui réservera probablement le sort de Kennedy en accusant la Russie ou l’Iran.

Néanmoins, en attendant de comprendre ce que Tulsi Gabbard pourrait faire pour le monde, si elle peut quelque chose, elle fait bien de poster des messages comme celui-ci :

Je ne sais pas pour vous, mais je suis plutôt impressionné !

À tout le moins, elle fait ce que « Occupy Wall Street » a fait avec son « 1% »,  qui était faux en réalité, le pourcentage réel [de vrais riches] est bien inférieur, mais politiquement très efficace. Dans ce cas, Gabbard parle de la similitude des deux partis [Démocrate et Républicain] et elle vulgarise des images telles que « des bellicistes dans des tours d’ivoire imaginant de nouvelles guerres à mener et de nouveaux lieux pour tuer les gens ». Tout cela est très bon et utile pour la cause de la paix et de l’anti-impérialisme, car lorsque les concepts de pensée criminels deviennent dominants, le courant dominant s’effondre !

La réalisation la plus importante de Tulsi Gabbard, du moins jusqu’à présent, a été de prouver que les soi-disant libéraux se moquent de la race, du genre sexuel, ne se soucient pas des minorités, ni de « remercier nos anciens combattants » ou quoi que ce soit d’autre. Ils ne se soucient même pas beaucoup d’Israël. Mais ce qui leur importe, c’est le pouvoir, l’Empire et la guerre. Voila ce dont ils se soucient vraiment. Tulsi Gabbard est la preuve vivante que les démocrates américains et d’autres prétendus libéraux sont résolument assoiffés de pouvoir, d’empire et de guerre. Ils ne reculeront devant rien pour empêcher les États-Unis de devenir – enfin ! – un pays normal et ils se moquent bien du destin des américains. Tout ce qu’ils veulent, c’est que nous devenions tous leurs serfs.

Tout cela n’est guère une grande nouvelle. Mais cette réaction hystérique à la candidature de Gabbard est une preuve très puissante et utile du fait que les États-Unis sont un pays sous influence étrangère, sans véritable souveraineté ni démocratie. Pour ce qui est des médias américains, des gens comme Suslov ou Goebbels seraient verts de jalousie. Qu’il s’agisse de l’agression américaine en cours contre le Venezuela ou de la réaction au phénomène Tulsi Gabbard, les diagnostics concordent et nous pouvons utiliser l’euphémisme médical typique et dire en toute confiance : « le pronostic est mauvais ».

The Saker

Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone

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