Sous-sols – Le film : Ulrich Seidl nous enferme à la cave (avec notre consentement)


Par Rosa Llorens – Le 9 octobre 2015

Ulrich Seidel

Après deux films de fiction sur le tourisme sexuel au féminin et l’intégrisme catholique, Seidl interroge cette fois les désirs inavouables dans un documentaire, d’une froideur entomologiste accrue.

La comparaison animalière s’impose dès la première séquence, où un cobaye et un boa s’observent dans un terrarium, sous les yeux d’une femme immobile. Le cobaye s’enhardit, s’approche pour jouer avec le boa, mais celui-ci, d’une détente, le happe. C’est de l’humour noir, pour nous annoncer (ou s’en excuser), qu’il va faire de même avec les gens qui lui ont confié leurs fantasmes : la caméra va impitoyablement les happer ; mais le spectateur aussi est partie prenante dans ce jeu de voyeurs, représenté par la femme propriétaire du reptile. Inutile donc d’accuser Seidl, comme le fait un critique, d’avoir dans sa propre cave des fantasmes encore plus inavouables que ceux de ses héros : c’est lui-même qui nous encourage à réfléchir sur les personnages, sur le cinéaste, et sur nous-mêmes.

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