Syrie – La Turquie viole l’accord d’Astana et refait alliance avec Al-Qaïda


Le 9 octobre 2017 – Source Moon of Alabama

Résultats de recherche d'images pour « Hayat Tahrir al Sham »Hier, les forces de l’armée turque sont entrées dans le gouvernorat syrien d’Idleb en provenance de l’ouest. Le mouvement fait officiellement partie du processus de supervision de la désescalade convenue entre la Syrie, la Turquie, la Russie et l’Iran. Un point de l’accord est de poursuivre la lutte contre al-Qaïda en Syrie qui opère actuellement sous le nom de Hayat Tahir al Sham (HTS). HTS contrôle de grandes parties du gouvernorat d’Idleb.

Ceci est confirmé dans l’Explication officielle de l’opération turque d’Idleb. « Débarrasser la région des organisations terroristes, en particulier de DAESH, du PKK / PYD-YPG et de HTS », est décrit comme un des objectifs de sa force de désescalade.

Mais les forces turques ont conclu un accord avec HTS. Lorsque leurs équipes de reconnaissance sont entrées dans Idleb hier, elles étaient escortées par des forces de HTS lourdement armées (vidéo). Comme le stipule leur accord avec les terroristes, les forces turques ne prendront que trois positions. Toutes, le long de l’enclave kurde d’Efrin.

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Selon un journaliste (opposé au gouvernement syrien) :

Hassan Hassan – Compte vérifié @hxhassan – 17:22 – 8 oct. 2017

1. La Turquie a établi trois checkpoints à Darat Izzat, à l’ouest d’Alep, en coordination avec HTS. Un officiel de HTS a dit @MousaAlomar que les forces turques ne seront présentes que sur ces checkpoints « pour l’instant ».
2. Mousa pose une série de questions au responsable de HTS :
Q. « L’armée turque entrera-t-elle dans les zones [rebelles]? »
R. « Oui (mais pas au-delà des trois zones convenues avec HTS) »
Q. « Une bataille à Idlib est-elle imminente ? »
R. « Non. Pour le moment tout va bien, à moins que la Turquie ne change de position. »

Mes propres sources confirment que l’effort pour maintenir la paix entre la Turquie et HTS porte pour le moment ses fruits.

Le but de cette incursion turque n’est clairement pas de contrer al-Qaïda / HTS, mais seulement d’encercler l’enclave kurde d’Efrin.

Les Turcs pourraient maintenant se lancer dans une opération agressive pour tenter de couper le secteur kurde d’Efrin (en jaune) des zones occupées par le gouvernement syrien (en rouge) en reliant la zone rebelle contrôlée par les Turcs au nord (en bleu) avec le gouvernorat d’Idleb contrôlé par d’al-Qaïda (en vert). Un tel mouvement rencontrerait une résistance féroce non seulement des éléments kurdes et du gouvernement syrien, mais aussi de l’Iran. Les troupes iraniennes auxiliaires tiennent le corridor du gouvernement entre Alep et Efrin pour protéger d’importants villages chiites de la région.

D’un côté, on peut comprendre que les Turcs violent l’accord d’Astana. Erdogan a peur du tollé qu’une vraie lutte contre HTS causerait sans doute à l’intérieur du pays. Mais c’est la Turquie qui a mis le désordre en fournissant à al-Qaïda en Syrie des hommes et de l’approvisionnement pendant près de six ans. Il est de son devoir de tuer le monstre qu’elle a créé. Elle doit également respecter ses accords diplomatiques.

La Turquie vient de montrer à nouveau qu’elle n’est pas digne de confiance. Erdogan espère sans doute que l’OTAN le protègera s’il encourt une nouvelle fois la colère de la Russie pour cette nouvelle trahison et sa violation de l’accord de désescalade. Mais si l’on en juge par le fossé qui se creuse entre le Département d’État et le gouvernement turc, et la mauvaise opinion que les peuples de l’OTAN ont de la Turquie, Erdogan se fait probablement des illusions en comptant sur l’OTAN pour le tirer d’embarras.

Traduction : Dominique Muselet

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