Sur la plage…


James Howard KunstlerPar James Howard Kunstler – Le 30 juillet 2018 – Source kunstler.com

Arrive maintenant le mois d’août, mois des vacances, oisiveté, déferlement et grondement des vagues sur le sable, romance furtive sur les dunes – peut-être – pop-corn, routes de campagne et foires de village, et plus de romance furtive encore – peut-être – sur une couverture, dans les hautes plaines, sous une lune de sang – et surtout, répit du pourvoyeur infernal des idées folles, des sombres tendances, et de la mauvaise foi orchestrant la vie dans ce derby de démolition d’une nation.

Si un seul mot devait définir les affaires préoccupant les États-Unis ces jours-ci ce serait ennui. La population entière semble adopter le vieux mythe de Sisyphe, chaque homme, femme, enfant, créature du marécage [l’État profond] ou enfant de Dieu non genré [ni femelle, ni mâle] dans le pays, légal ou sans papiers, poussant ce rocher vers le sommet, seulement pour le voir redescendre tout en bas… Encore et encore ad infinitum.

Prenez par exemple M. Robert Mueller, la figure de sphinx qui plane sur le paysage politique avec l’attaché-case de son avocat plein de secrets radioactifs. Il a déjà fait son service, dans sa mission de roturier à la Cour, en accusant deux douzaines de trolls russes de Facebook et de hackers d’Internet – qui ne seront jamais extradés et ne mettront jamais les pieds dans une salle d’audience américaine, épargnant aux contribuables la peine de les juger (et tester la théorie de la collusion avec le POTUS actuel). C’est un peu difficile d’imaginer la tronche d’un vieux cheval de retour qui s’enquille une troisième bière en dégustant des fruits de mer sur la plage, sans parler des histoires qu’il pourrait raconter autour du feu (avec les précautions nécessaires). Quand il se réveillera dans le sable, le lendemain matin, aux cris des mouettes hurlantes, à côté de quelqu’un qui n’est pas sa femme, sera-t-il accablé de regret pour une année passée à chasser les gremlins du Kremlin ? Le public semble en avoir vraiment marre de lui. Même le New York Times a cessé de s’époumoner contre la Russie. En attendant les histrions de septembre…

Avons-nous atteint le sommet de la confusion sexuelle en Amérique ? Il est peut-être temps de cesser de distribuer des bons points aux personnes qui ne sont pas d’accord avec certaines des conditions fondamentales du mammifère, comme la répartition des chromosomes X et Y. Bien sûr, la grande idée derrière cela est le désir crypto-gnostique de transcender la nature, la nature humaine en particulier, et de s’envoler vers les vertus libératrices d’un éther utopique sans limites où personne ne doit être quelque chose en particulier – ou sinon à l’état de flux transformationnel permanent, comme l’imagerie informatique qui sature nos films. La vie sans limites, je pense que nous allons le découvrir, n’est pas la grande idée que l’on a portée au pinacle. Je soupçonne que les groupes derrière cette manie sont à court de nouveaux étonnements.

Vous en avez marre du racisme inversé ? Moi oui. Tout ce qui hurle sur l’horreur du patriarcat blanc. Il sera intéressant de voir où le monde ira quand cette force maléfique aura finalement gagné. Plus de quatuors à cordes ennuyeux, d’implants dentaires fastidieux, de raccords de cuivre qui fuient, ou de théories désespérées sur la plus-value. Merci mon Dieu pour ça. Le public, déchargé du fardeau, peut enfin accorder toute son attention aux soins capillaires et aux régimes amaigrissants. Quand les femmes et les gens de couleur rempliront tous les sièges du Congrès, nous pourrons nous réjouir du jour glorieux où les États-Unis seront aussi bien dirigés que Baltimore [allusion aux émeutes].

Le mot à la mode des grands copains-coquins du Parti démocrate sur les pelouses de Hampton et dans les embruns salés des falaises de Martha’s Vineyard est Universal Basic Income [revenu minimum universel], la proposition soudainement étonnante de plonger tout le pays dans l’aide sociale. Je suis tout à fait pour – si nous pouvons obtenir que les Martiens payent pour cela. Pourquoi pas ? Un millier de dollars par mois juste pour se balader ? Ouaouh! Vous pourriez aider à gonfler le PIB un peu plus en amenant toute cette oseille au casino le plus proche et en l’investissant dans l’excellente activité de développement économique connue sous le nom de blackjack. Avec un peu de chance, vous pourriez augmenter suffisamment votre pelote pour vous offrir cette chirurgie de réassignation sexuelle tant désirée, pour corriger l’erreur de plume [lapsus calami] que la cigogne a faite quand elle vous a laissé tomber dans la cheminée.

Eh bien, ce ne sont, après tout, que mes fantasmes personnels d’août. J’attends septembre avec autant d’excitation que vous tous. Mais je ne vais nulle part. Je m’attache au mât et j’attends les grosses vagues.

James Howard Kunstler

Traduit par jj, relu par Cat, vérifié par Diane pour le Saker Francophone

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