Massacre à Paris – Pepe Escobar réagit,

à qui ça profite ?


Pepe Escobar

Pepe Escobar

Par Pepe Escobar – Le 14 novembre 2015 – Source compte Facebook de l’auteur

Rien ne prouve qu’il s’agit d’une opération sous fausse bannière, pour l’instant du moins. Ce qui semble s’avérer, c’est que Da’ech fait du travail de pro en connexion avec des fils de putes hyper-cools.

En parcourant une foule de comptes rendus, je suis tombé sur la description faite par un Danois d’un des attaquants d’un café de Paris : ultra-pro, en noir de la tête aux pieds, AK-47, super bien entraîné. Rien à voir avec les kamikazes habituels d’al-Zawahiri qui cachent leurs bombes dans leurs slips. Nous avons affaire ici à des tueurs opérant avec précision. Celui-là a quitté les lieux sans être dérangé et n’aurait apparemment pas été capturé, quoi qu’en dise la police française. Il ne portait pas de veste suicide.

Les services secrets français jurent qu’ils surveillent au moins 200 de leurs concitoyens de retour de Syrak. Tu parles d’un boulot bâclé ! Paris est hyper fliqué. On reste perplexe d’apprendre qu’au moins huit djihadistes ont pu se promener sans problème un vendredi soir dans leurs costumes de tueurs professionnels.

Pour moi, c’est aussi une affaire de djihad personnel. C’est que le djihad vient de frapper dans le quartier où j’habite à Paris. J’ai quitté Paris la semaine dernière pour mon lieu de séjour habituel en Asie. Je me suis toujours moqué de Fox News lorsqu’ils décrivaient mon quartier de zone no go 1, de toute évidence pour les mauvaises raisons.

Ils ont choisi un petit resto cambodgien, pas cher et accueillant, dont les clients sont jeunes et relativement branchés. Cela veut dire qu’ils pourraient avoir patrouillé le quartier depuis des mois.

Ils ont choisi des cibles hautement symboliques.

Ici, un match France-Allemagne auquel assiste le Président de la République dans un stade où toutes les barrières (ethniques et religieuses) disparaissent [le temps d’un match, NdT], véritable symbole du multiculturalisme.

Ici [au Bataclan], un spectacle donné par un groupe américain dans une salle remplie de jeunes.

Ici, des cafés de quartier cools comme il y en a tant dans le 10e et le 11e à Paris, des quartiers fréquentés par une faune jeune, branchée, laïque, BCBG, style bobo à capuche.

Cela fait ressortir l’existence d’un spectre conceptuel calibré, savamment cartographié par des initiés français, peut-être des rapatriés de Syrak.

Cela fait ressortir aussi l’échec monumental des services secrets et du ministère de l’Intérieur de la France.

Tellement de raisons pourraient expliquer ce retour de flamme. On n’a qu’à penser à la discrimination ouverte et tacite contre les musulmans, qui les amènent à se considérer comme des citoyens de seconde classe ; aux rebelles modérés que dorlote la France ; aux guerres de Sarko Ier et du général Hollande en Libye et au Mali ; aux bombardements feutrés en Syrie ; à l’homme de main de l’Otan qu’est devenue la France.

Le timing? Crucial. Juste au moment où les USA et les Brits annoncent qu’ils pourraient avoir fait disparaître Djihad John. Et quelques heures seulement avant que les pourparlers de Vienne n’aboutissent à une liste officielle des dix principaux groupes terroristes en Syrie (le sujet de mon dernier article publié par Asia Times).

Cui bono?

Traduit par Daniel, édité et relu par jj pour le Saker Francophone

  1. Zone où les flics ne s’aventurent pas
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