Les troupes étasuniennes vont quitter la Syrie dans les jours qui viennent


2015-05-21_11h17_05Par Moon of Alabama – Le 19 décembre 2018

Le Wall Street Journal vient d’annoncer que les troupes étasuniennes se préparent à quitter le nord-est de la Syrie :

WASHINGTON – En une soudaine volte-face, l’armée américaine s’apprête à retirer ses forces du nord-est de la Syrie, ont déclaré mercredi des gens informés sur le sujet, initiative qui plonge la stratégie américaine au Moyen-Orient dans la tourmente.

Les responsables américains ont commencé à informer leurs partenaires du nord-est de la Syrie de leur intention de commencer immédiatement à retirer les forces américaines de la région où elles étaient en train d’achever leur campagne contre État islamique, ont ajouté ces gens.

Cette décision fait suite à un coup de fil, passé la semaine dernière, entre le président Trump et le président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui a menacé de lancer une attaque contre les partenaires kurdes des américains en Syrie.

La Turquie menace depuis plusieurs semaines d’envahir et d’occuper une bande d’au moins 15 kilomètres de profondeur dans le nord-est de la Syrie. L’armée turque a placé des armes lourdes le long des zones frontalières adjacentes. Quelques 15 000 « rebelles » étrangers et syriens, payés par la Turquie, sont censés être à l’avant-garde de cette invasion. Au cours du mois dernier, ils ont été transférés d’Idleb et d’autres zones contrôlées par la Turquie au nord-ouest de la Syrie vers le côté turc de la frontière orientale.

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L’armée américaine et les néoconservateurs de l’administration Trump voulaient rester pour une durée illimitée dans le nord-est de la Syrie. Ils prévoyaient de créer une entité kurde et de la financer avec les champs pétroliers syriens qu’ils occupaient. Ils prévoyaient d’armer et d’entraîner quelque 40 000 soldats kurdes.

Pendant plus d’un an, les États-Unis ont prétendu lutter contre les restes d’État islamique, qui détiennent encore un peu de terrain du côté nord de l’Euphrate, près de la frontière irakienne. Mais les lignes de front ont peu bougé. Ce n’est que la semaine dernière que les troupes soutenues par les États-Unis ont finalement pris la ville de Hajin.

Pour la Turquie, la perspective de 40 000 Kurdes YPG armés et protégés par les États-Unis à sa frontière, alors que l’organisation sœur du YPG, le PKK, mène une guérilla séparatiste contre l’armée turque au nord du pays, constitue une réelle menace existentielle.

Il semble qu’Erdogan ait passé un accord avec Trump, accord qui est maintenant transformé en mesures pratiques. Hier, la Turquie s’est soudainement vu proposer d’acheter des systèmes avancés de défense antimissile Patriot. Elle avait auparavant décidé d’acheter le système russe S-400. Nous apprenons maintenant que les troupes américaines se retirent. Quelles autres surprises nous attendent dans cette affaire ? Qu’est-ce que Trump en retire ? En quoi cela va-t-il changer les relations entre la Turquie et la Russie ?

Et qu’en est-il d’Al-Tanf, le poste frontière occupé par les États-Unis entre l’Irak et la Syrie ? Les troupes en partiront-elles aussi ?

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Après ce départ, il y aura une course pour s’emparer des régions de la Syrie que les États-Unis quittent. La Turquie risque de s’en tenir à son plan d’invasion. Le gouvernement syrien doit maintenant se dépêcher de reprendre le barrage de Raqqa, les riches terres agricoles au nord de l’Euphrate et, surtout, le champ pétrolier et gazier près de la frontière irakienne, qui sont nécessaires pour financer le pays.

Il devra également déplacer une partie de son armée dans la région nord-est de l’Euphrate pour isoler et finalement vaincre les restes de État Islamique que les États-Unis semblent avoir laissés derrière eux.

Mise à jour 14:45 UTC

Le New York Times (et Trump) confirment la décision :

« ‘Le président Trump envisage de retirer 2 000 soldats américains de Syrie et tente d’expliquer que la guerre de quatre ans menée par les États-Unis contre État islamique a été largement gagnée’, ont déclaré mercredi des responsables.

‘Nous avons battu EI en Syrie, ma seule raison d’être là-bas pendant la présidence Trump’, a déclaré le président dans un message Twitter mercredi matin. Il n’a donné aucun détail sur les plans concernant la mission militaire en Syrie.

‘Une annonce officielle de retrait pourrait être faite dès mercredi’, ont déclaré les responsables de l’administration. Mais les responsables du Pentagone essayent encore d’en dissuader le président, faisant valoir qu’une telle mesure trahirait les alliés kurdes qui ont combattu aux côtés des troupes américaines en Syrie et qui pourraient se retrouver attaqués dans une offensive militaire dont la Turquie les menace. »

Mattis et les néoconservateurs veulent que Trump reste en Syrie mais il semble que, pour une fois, Trump ne se laisse pas avoir par leurs plans stupides.

Que les États-Unis trahissent les Kurdes est presque une tradition. Les Kurdes en ont été avertis à maintes reprises. Mais ils n’ont pas écouté. Comme dans le canton d’Afrin, que la Turquie a occupé après que les Kurdes ont refusé de revenir sous le contrôle du gouvernement syrien, ils devront maintenant probablement en payer un énorme prix.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par jj pour le Saker Francophone

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