Les sympathies nazies de Kiev et de Washington


Par Jean Perier – Le 21 novembre 2016 – Source New Eastern Outlook

Il a été récemment rapporté que la Troisième Commission de l’Assemblée générale des Nations Unies a approuvé un projet de résolution contre la glorification du nazisme et du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance. La résolution exprime sa préoccupation devant le fait que dans un certain nombre de pays, de célèbres dirigeants du mouvement nazi et d’anciens membres des SS sont honorés et des monuments honorant des combattants contre le fascisme sont démolis ou profanés. Le document demande aux États d’adopter une loi interdisant le déni de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre pendant la Seconde Guerre mondiale.

Il est remarquable que 131 pays aient appuyé ce projet de résolution, alors que 48 autres, dont des États membres de l’ONU, se sont abstenus. Les États-Unis étaient l’un des trois pays à voter contre cette résolution de l’ONU, aux cotés de l’Ukraine et des iles Palau [archipel du Pacifique votant systématiquement dans le même sens que les États-Unis, NdT].

Les États-Unis et l’Ukraine ont voté à plusieurs reprises contre toutes sortes de résolutions de l’ONU rejetant la glorification du nazisme et protégeant les monuments en l’honneur ceux qui ont donné leur vie dans le combat contre le nazisme. Même si les États membres de l’ONU ont essayé de prendre des mesures pour empêcher le déni de crimes de guerre détestables commis pendant la Seconde Guerre mondiale, toutes leurs tentatives ont échoué. Toutes ces résolutions expriment la profonde préoccupation de la communauté internationale à l’égard de la glorification de toute forme de fascisme, en particulier celui qui se manifeste actuellement en Europe de l’Est, en particulier l’Ukraine.

L’Ukraine a été victime d’un coup d’État soutenu par l’Occident qui a conduit les forces fascistes à prendre le pouvoir dans le pays. Il a également abouti au culte forcé des collaborateurs ukrainiens du Troisième Reich, à la construction de monuments et à la dénomination de rues et de lieux publics en leur honneur. Il n’est donc pas surprenant qu’un tel gouvernement vote contre la résolution de l’ONU susmentionnée.

Quant aux membres de l’élite dirigeante des États-Unis, ils agissent sous la forme de diverses excuses diplomatiques, sans admettre directement leur attitude «chaleureuse» envers toutes sortes de fascismes, passés et présents. On peut cependant facilement clarifier la position des États-Unis, si l’on jette un regard sur une série de publications dans divers médias internationaux.

En 2010, la revue française L’Express publiait un rapport du Bureau des enquêtes spéciales (OSI) qui a été officiellement déclassifié. Selon ce rapport, le gouvernement américain travaillait en étroite collaboration avec 1 000 anciens fonctionnaires du Troisième Reich. Le New York Times n’a publié qu’un bref extrait de ce rapport de 600 pages.

Le New York Times affirme que les informations les plus préjudiciables du rapport viennent de l’implication de la CIA avec des émigrés nazis, car il va plus loin que tous les documents précédents pour montrer le niveau de complicité et de tromperie américaine dans de telles opérations. Il est clair que J. Edgar Hoover, du FBI, et Allen W. Dulles, de la CIA, étaient déterminés à collaborer avec les plus méprisables criminels de l’histoire moderne de l’humanité afin de mettre un terme à la propagation du communisme à travers le monde.

Mais avons-nous appris tout ce que nous pouvions sur les liens que le gouvernement américain avait avec les criminels nazis? Dans son entrevue avec Le Figaro, le professeur Norman Goda de l’Université de Floride déclarait qu’il reste encore beaucoup de documents classifiés sur ce sujet, donc nous n’apprendrons jamais le nombre exact d’anciens collaborateurs fascistes et de criminels qui travaillaient pour la CIA.

Il est curieux que la Seconde Guerre mondiale ait pris fin il y a sept décennies et pourtant certains documents restent encore secrets car, croit on, ils peuvent contenir des «informations encore sensibles». Peut-être est-ce parce que la guerre froide n’a jamais vraiment pris fin et que Washington est toujours intéressé à collaborer avec toutes sortes de nazis, qu’il préfère garder secrète l’information sur son implication réelle avec les nazis et le nazisme. Alors que les néonazis européens peuvent être utilisés pour susciter la controverse et la déstabilisation, et qu’un gouvernement pro-occidental ouvertement fasciste détient encore le pouvoir à Kiev, il est plutôt inconfortable pour Washington de se retrouver avec une résolution anti-nazie de l’ONU sur les bras.

Jean Perier

Traduit par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone

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