Les porcs globalisés : l’OMC a montré son groin


La bruyante déclaration du sénateur russe sur le retrait éventuel de la Russie de l’OMC a fait du bruit dans les médias.


Par Andreï Afanassiev – Le 8 janvier 2017 – Source Katehon

Moscou peut se retirer de l’Organisation mondiale du commerce si celle-ci retient la revendication de l’Union européenne contre la Russie visant à récupérer 1,39 milliard d’euros, suite à l’embargo sur le porc décidé par cette dernière.

La Russie a imposé un embargo sur la fourniture de produits porcins en provenance des pays de l’UE au début de 2014. À cette époque, la cause était le déclenchement de la peste africaine. Après un certain temps, Moscou a notifié à l’OMC que l’interdiction avait été levée, mais a décidé de ne pas continuer à acheter de produits porcins à l’UE en raison des sanctions sectorielles imposées après les événements en Crimée et au Donbass.

Qu’est-ce que l’OMC ?

L’Organisation mondiale du commerce est un produit de l’Amérique d’après-guerre. En 1947, l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) est conclu. La tâche principale est de restaurer l’économie mondiale après la Seconde Guerre mondiale. En fait, c’était un outil supplémentaire pour la répression économique de l’Europe occidentale et des colonies qui obéissaient autrefois à l’Ancien Monde. En 1995, après de nombreuses étapes de négociations, l’Organisation mondiale du commerce a été créée sur la base de l’accord. Comme toujours, seuls les objectifs ont été déclarés et les résultats de l’activité se sont avérés très différents. Les membres doivent renoncer au protectionnisme et ouvrir les frontières au commerce international. Le plus souvent, cela conduit à l’occupation des marchés intérieurs des États nationaux par les sociétés transnationales, et à priver l’État de sa souveraineté économique.

Contradictions et deux poids, deux mesures

Si nous considérons l’OMC précisément comme un instrument des élites financières mondiales pour la destruction des économies nationales, les questions de contradictions et de paradoxes dans le fonctionnement de l’organisation disparaissent. En effet, les sanctions à l’encontre de la Russie ne correspondent pas à l’esprit et à la raison d’être de l’OMC, car elles nuisent en fait au commerce international et au développement économique – les pertes de l’UE et des États-Unis ont dépassé la barre des 100 milliards d’euros. Mais si des sanctions sont imposées pour exercer une pression politique sur un pays qui ne veut pas passer sous le rouleau compresseur de la mondialisation – comme la Russie – alors elles sont pleinement justifiées au bénéfice de l’idée d’un marché libéral mondial.

En général, comme toute organisation internationale créée par l’Occident, l’OMC est un exemple frappant d’une politique de deux poids, deux mesures. Vous ne battrez jamais aux cartes un tricheur professionnel si vous jouez équitablement. Moscou a rejoint l’Organisation mondiale du commerce en espérant que tout le monde serait fair play. Les événements de ces dernières années ont montré que c’était impossible, ce qui signifie qu’il est temps de tirer les conclusions qui s’imposent. Peut-être que quitter l’OMC est une solution adéquate pour la Russie ?

Andrey Afanassiev

Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone

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