L’élite auto-proclamée


Par Doug Casey – Le 17 octobre 2016 – Source International Man

Doug Casey on the Self-Identified Elite

Mark Twain a dit: «Si vous ne lisez pas les journaux, vous n’êtes pas informés. Si vous les lisez, vous êtes mal informés

Voilà pourquoi je veux attirer votre attention sur un article récent intitulé La tentation isolationniste,  publié dans le Wall Street Journal, écrit par Richard Haass, le président du Council on Foreign Relations.

Le texte ne vaut pas sa lecture, sauf qu’il offre un véritable aperçu de ce que l’«élite» pense. Le CFR est l’un des douzaines de groupes [mais l’un des plus anciens, NdT], comme le Bilderberg, le Bohemian Club et le groupe de Davos, où les élites auto-proclamées se rassemblent.


Ces groupes ne possèdent pas le pouvoir politique directement. Mais leurs membres sont issus des gouvernements, des grandes entreprises, des universités, ils sont militaires ou travaillent dans les médias. Ils sont tous allés dans les mêmes écoles, appartiennent aux mêmes clubs, socialisent ensemble et, plus important, partagent la même vision du monde. Quelle est-elle ? Ils croient en l’État et non pas dans le marché, comme la meilleure façon d’organiser le monde.

Croyez-le ou non (je n’y crois toujours pas…), on m’a récemment invité à un de ces conclaves. Probablement par erreur. Je ne pense pas être un renard dans le poulailler, mais plutôt un squelette à une fête. Je vais tout vous dire à ce sujet le mois prochain…

Mais revenons à la rubrique en cours. Comme moi, vous vous êtes probablement demandé : «Qui sont ces gens? Sont-ils des fripons ou des imbéciles, ou les deux? Qu’est-ce qu’ils fument? Sont-ils réellement fous?»

Haass commence par diviser le monde des observateurs de la politique étrangère entre les «internationalistes» et les «isolationnistes», ce qui est une distinction fausse, trompeuse et stupide. Ils ne sont pas «internationalistes» (ces gens qui se déplacent entre les pays); ils sont «globalistes» (des personnes qui veulent travailler pour un gouvernement mondial, qu’ils contrôlent). Ils utilisent le terme «isolationnistes» comme un terme péjoratif pour le camp ennemi, les amalgamant avec les non-interventionnistes, qui sont un groupe totalement différent. Les isolationnistes sont supposés adorer un culte du retour en arrière, en se cachant du reste du monde. Les non-interventionnistes ne veulent tout simplement pas coller leur nez dans les affaires des autres personnes.

Il fait l’éloge des soi-disant internationalistes (c’est-à-dire globalistes) comme «ceux qui veulent que les États-Unis conservent un rôle de premier plan au niveau international, comme depuis la Seconde Guerre mondiale». Cela signifie que des séides du gouvernement américain devraient parcourir le monde pour «répandre la démocratie». Cela suppose que la démocratie, qui est en fait une forme plus polie du contrôle de la populace, est toujours une bonne chose alors que la démocratie est rarement le résultat de l’intervention des États-Unis. Il fait une autre division (et ici j’admire sa franchise) entre les «élites», comme les membres officiels du gouvernement et les personnes influentes dont celles du CFR, et les «non-élites». Il utilise ces mots. Il décrit les invasions américaines et les efforts de changement de régime comme «une politique étrangère ambitieuse».

Il dit, même après le référencement des échecs américains désastreux comme en Corée, au Vietnam, en Afghanistan, et les guerres en Irak et les catastrophes en cours en Libye et en Syrie, que nous devrions continuer à suivre le même parcours.

Il aime l’idée d’alliances, bien sûr, malgré le fait que les alliances ne servent qu’à attirer un pays dans la guerre d’un autre. Les alliances transforment de relativement petits conflits locaux, pour les amener à des niveaux catastrophiques. Cela a toujours été le cas. L’exemple classique est celui de la Première Guerre mondiale, qui a marqué le début du long effondrement de la civilisation occidentale. Ces alliances ne peuvent servir qu’à attirer les États-Unis dans des guerres entre des pays de nulle part, que peu d’Américains peuvent trouver sur une carte.

Puis il continue à discuter de ce qu’il appelle le «libre-échange», une autre mauvaise utilisation malhonnête du terme. Le libre-échange existe quand il n’y a pas de droits ou de contingences, lorsque toute entreprise peut acheter et vendre ce qu’elle veut, quand et où elle veut.

Ce que ces gens veulent réellement, c’est un commerce géré par le gouvernement, qu’ils préfèrent appeler «commerce équitable». Cela implique que des responsables gouvernementaux sages et incorruptibles sont nécessaires pour veiller à ce que les acheteurs et les vendeurs insensés et malhonnêtes ne se battent pas entre-eux.

Mais ne devrions-nous pas nous inquiéter si des étrangers subventionnent leurs fabricants, et ne tiennent pas compte des réglementations américaines environnementales et sur le droit du travail ? Ma réponse est non, c’est merveilleux si un gouvernement mercantiliste fou subventionne les consommateurs américains; nous sommes enrichis alors qu’ils sont appauvris, en vendant des dollars pour 50 cents l’unité. Et si les Chinois peuvent faire quelque chose de moins cher que les Américains, c’est merveilleux. Les Américains, qui ont encore la plus grande part du capital mondial, de la technologie, et du capital éducatif sont libérés de ces productions basiques pour faire quelque chose de plus productif.

Quoi qu’il en soit, l’article de Haass est horrible à tous les niveaux. J’aurais pu le republier ici, mais il est trop long et trop ennuyeux. Et ce serait une violation de la politique de réimpression du Wall Street Journal. Mais il y a un autre article, encore plus flagrant, plus stupide et plus destructeur, que le WSJ a récemment publié, par Kenneth Rogoff, intitulé La sinistre face cachée du cash [commenté ici par la chronique-agora, NdT]. C’est, bien sûr, un «économiste» de Harvard. Je vous invite à le lire, car il y expose le raisonnement clair et bien écrit des «élites», concernant les taux d’intérêt négatifs et l’abolition de la trésorerie.

Il défie littéralement l’entendement et me laisse à penser que cet auteur est pénalement fou. Je veux dire littéralement, dans le sens clinique. Il est criminel, parce qu’il prône activement l’agression contre les biens des autres, et en effet, leur vie. Et fou, parce que ses pensées et croyances sont complètement délirantes et ont divorcé d’avec la réalité.

Dans l’ensemble, chaque jour, il y a plus d’indications sur tous les fronts, que le bord de fuite d’un ouragan financier gigantesque dans lequel nous sommes entrés en 2007 va être très, très laid. La Grande Dépression sera bien pire que je ne le pensais.

Doug Casey

Note du Saker Francophone

On peut taper sur les globalistes, tout en ayant un discours pour le moins irréel sur l'économie, sans que cela ne choque cet auteur, qui ne semble pas concerné par les externalités négatives, deux visions américaines en une. Mais il décrit bien la notion d'élite, défendue depuis un siècle par le CFR et d'autres.

Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par nadine pour le Saker Francophone

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