Le Russiagate finit dans un grand boum et pas dans un petit murmure


Par  Tom Luongo – Le 20 février 2018 – Source Zero Hedge

Le procureur spécial Robert Mueller

Malgré toutes ces colonnes de journaux qui se sont répandues sur les treize actes d’accusation que Robert Mueller a publiés vendredi [contre des individus ou entités russes accusées d’avoir interféré dans les élections présidentielles étasuniennes de 2016, NdT], très peu d’entre elles ont mis le doigt sur la vraie révélation.

Elle ne concerne pas le visible excès de zèle des procureurs.  Ce n’est pas non plus à propos d’une nouvelle subversion du processus par des procureurs fédéraux menés par leurs préjugés personnels.

Ce n’est pas la révélation qu’aucun membre de l’équipe Trump n’a sciemment collaboré avec des agents russes pour influencer le résultat des élections de 2016.

Ce n’est même pas que l’ancien directeur du FBI Andrew McCabe ait falsifié des comptes rendus d’interrogatoire pour obtenir un acte d’accusation contre le général Michael Flynn.

Ce n’est pas l’évidente collusion entre son enquête et les médias dans le but de saquer un président élu devant le tribunal de l’opinion publique.

Non.

La véritable révélation des actes d’accusation de Mueller est qu’ils montrent jusqu’à quel point notre système a abandonné ses idéaux et ses principes sur lesquels il était fondé.

En tant que société, les États-Unis n’existent que pour permettre aux puissants de marquer des points politiques bon marché et s’en servir pour accroitre leur pouvoir.

N’importe quoi ou n’importe qui refusant cela sera alors traqué via un ensemble de règles byzantines par des voyous corrompus, comme Mueller, qui ne ressentent aucune honte à présenter comme crédibles des accusations complètement risibles, uniquement dans un but politique.

Dans ce cas, destituer un président et annuler les résultats d’une élection.

Des ombres sur Parkland

Le fait que Mueller ait rendu ces accusations publiques le jour même où le FBI vivait littéralement le pire jour de l’histoire de l’agence ne fait que souligner ce à quoi sont prêts, lui et ceux qu’il représente, pour détourner l’attention.

Alors que le peuple réclame la tête du directeur du FBI, Christopher Wray, pour sa gestion bâclée de l’enquête sur le tireur de la tragédie de Parkland, en Floride, Mueller publie à la hâte, un vendredi, une annonce médiatique sur ses grosses prises faites au terme de son enquête sur l’interférence russe.

Le message du procureur général adjoint Rod Rosenstein était simple. Le FBI et le ministère de la Justice se soucient plus de leur image de marque que de la protection de nos enfants contre cette violence insensée.

Si Mueller avait rendu public ces actes d’accusation un autre jour, les éclats de rire auraient été assourdissants.  Mais, en l’état actuel des choses, tout ce qui s’est passé n’a été que le massacre d’une partie encore plus grande du centre de ce pays.

Tant de gens sont gouvernés par leur préjugés de normalité. Ils se placent dans la tête d’une autre personne et pensent que quelqu’un comme Mueller agit comme ils le feraient.

C’est pourquoi il est si facile pour les gens de rejeter ces « coïncidences » comme une théorie du complot.

Mais le problème, c’est que trop de théories finissent par devenir des faits. Et avec les appels à plus de contrôle des armes à feu et l’échec du FBI après la fusillade à Parkland, en Floride, voir un FBI disgracié essayer de distraire les gens et de contrôler le cycle des informations sera la goutte d’eau de trop pour beaucoup de gens.

Une coïncidence de trop

Il arrive un moment où les « coïncidences » sont trop nombreuses, le narcissisme trop flagrant pour qu’on puisse l’excuser.

Alors que nous sommes en deuil pour les morts de Floride, que nous avons à subir les cris des défenseurs, hyper-émotionnels, du contrôle des armes, nous devons encore évaluer l’ampleur de l’incompétence du FBI, de Mueller et Rosenstein qui pensent que c’était intelligent d’inculper un groupe de Russes anonymes pour créer une diversion.

Ne réalisent-ils pas que dans une situation comme celle-là, la colère des gens est réelle ?  Leur douleur est réelle ?  La désillusion face à nos agences gouvernementales est réelle ?

Ce n’est pas le produit d’une campagne de propagande soviétique.  Mais la plupart des gens sont prêts à aller de l’avant par souci d’équité. Tout ce que Mueller avait à faire depuis que les démocrates nous haranguent avec les malversations de Trump, c’était de les prouver.

Oups.

Et puisque maintenant on voit qu’il a prouvé le contraire, la désillusion des gens se transformera en dégoût et en colère. Ceux de gauche, au moins ceux qui ne sont pas perdus dans les pires affres du syndrome de Trump-le-dérangé, seront en colère parce qu’ils auront encore été pris pour des idiots tout juste bons pour les collectes de fonds, et ceux du centre rejetteront simplement encore plus le statu quo à Washington.

La paresse du pouvoir

Mueller, comme tant d’autres de ces détenteurs du pouvoir, vit vraiment dans une galerie de miroirs sans fin, ne pensant qu’à eux-mêmes et à la façon dont ces événements les affectent, eux et leur statut social. Ils pensent vraiment que nous ne savions pas ce que nous faisions quand nous avons élu Trump.

Le fait même de rendre ces accusations publiques montre à quel point ils ont peu de considération pour nous. Ils pensent que nous sommes assez stupides pour croire que quelques publicités sur Facebook et des comptes bidons sur Twitter sont bien la raison pour laquelle Donald Trump a battu Hillary Clinton.

En fait, la seule personne assez stupide pour croire ce que je viens d’écrire est Hillary Clinton elle-même.  Tous les autres regardent ça et en rigolent.

Je suis excité. Je n’aurais pas demandé mieux. En essayant de façon si prévisible de façonner un récit, ils minent davantage notre foi en eux. En essayant de protéger le FBI, ils jettent plus de terre sur son cercueil.

C’est le genre d’idiotie qui précède les vraies réformes.

À l’heure actuelle, dans le monde politique américain, la meilleure façon de battre vos adversaires est tout simplement de les laisser couler par eux-mêmes.

L’approche « gagnant à tout prix » de Mueller dans son enquête spéciale n’est pas différente de la campagne d’Hillary pour le poste de présidente. Ils pensaient tous les deux qu’ils ne pourraient pas perdre s’ils tiraient la couverture bien à eux.

Le problème pour Mueller était qu’il ne dispose d’aucune preuve. Donc, son enquête allait de toute façon se terminer ainsi, en disgrâce.

Tom Luongo

Traduit par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone.

   Envoyer l'article en PDF