Le président Grant et le messianisme mondialiste en 1873


Nicolas Bonnal

Par Nicolas Bonnal – Le 10 mai 2018 – Source nicolasbonnal.wordpress.com

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 On parle souvent de Pike et de Mazzini pour expliquer le pseudo-nouvel ordre mondial actuel. Or le nouvel ordre mondial commercial et britannique est déjà célébré par Voltaire dans son poème scolaire Le Mondain. L’unification planétaire est une vieille lune. On va voir avec un autre exemple prestigieux. 

On connaît le président Ulysse S. Grant grâce aux feuilletons télé (les Mystères de l’Ouest, qui constituaient une réflexion sur les agences secrètes), à la guerre de Sécession et à la Conquête de l’ouest. Mais ce qu’on ne sait pas c’est que, comme Dostoïevski (voyez Les Possédés), le président Grant décrit le nouvel ordre mondial à venir.

Dans une adresse présidentielle, Ulysse S. Grant donc évoque l’unification électromagnétique du monde par les réseaux, le télégraphe, le commerce, le canal de Suez. Comme je le montrerai un jour (voir annexe) cette unification électromagnétique du monde est le vrai sujet du roman-fleuve Moby Dick. 

Grant sent venir l’unification du monde comme Joseph de Maistre dont je cite toujours la fin de la deuxième soirée pétersbourgeoise :

« Tout annonce que nous marchons vers une grande unité que nous devons saluer de loin, pour me servir d’une tournure religieuse. Nous sommes douloureusement et bien justement broyés ; mais si de misérables yeux tels que les miens sont dignes d’entrevoir les secrets divins, nous ne sommes broyés que pour être mêlés. »

Grant donc :

« Sous la Providence, j’ai été appelé une deuxième fois à agir en tant que président de cette grande nation. Dans mon passé, j’ai essayé de maintenir toutes les lois et, dans la mesure du possible, d’agir pour le meilleur intérêt de tout le peuple. Je ferai mes meilleurs efforts dans cette même direction à l’avenir, aidé par mes quatre années d’expérience dans le bureau. »

Le président responsable poursuit :

« Lorsque mon premier mandat de chef a commencé, le pays ne s’était pas remis des effets d’une grande révolution interne et trois des anciens États de l’Union n’avaient pas été rétablis dans leurs relations fédérales. »

Après on se rapproche d’une vision apparemment pas méphitique du nouvel ordre mondial :

« Il me semblait sage qu’il n’y ait pas de nouvelle question tant que cette condition de choses existait. Par conséquent, les quatre dernières années, dans la mesure où je pouvais contrôler les événements, ont été consommées dans le but de rétablir l’harmonie, le crédit public, le commerce et tous les arts de la paix et du progrès. Je suis fermement convaincu que le monde civilisé tend vers le républicanisme, ou le gouvernement par les gens à travers leurs représentants choisis, et que notre propre grande République est destinée à être l’étoile directrice de tous les autres. »

Mais cette grande république, étoile directrice du monde, est alors pacifique et peu armée (Ulysse, reviens !) :

« Sous notre République, nous soutenons une armée inférieure à celle de toute puissance européenne et une marine inférieure à celles d’au moins cinq d’entre elles. Il ne pourrait y avoir aucune extension du territoire sur le continent qui nécessiterait une augmentation de cette force ; au contraire, une telle extension pourrait permettre de la diminuer. »

Après, Grant voit l’unification du monde par la technique. Le poète américain de l’époque, Walt Whitman, célèbre dans des vers enflammés l’unification du monde par Suez (Les Feuilles d’herbe) :

« La théorie du gouvernement change avec le progrès général. Maintenant que le télégraphe est mis à disposition pour la communication de la pensée, avec le transit rapide par la vapeur, toutes les parties d’un continent sont rendues contiguës pour tous les buts du gouvernement, et la communication entre les limites extrêmes du pays est plus facile qu’elle ne l’était pour les treize États au début de notre existence nationale. »

Très humanitaire, le président veut aussi protéger le Noir maltraité après l’abolition de l’esclavage :

« Les effets de la lutte civile tardive ont été de libérer l’esclave et de le rendre citoyen.Pourtant, il ne possède pas les droits civils que la citoyenneté doit porter avec elle.C’est mal, et devrait être corrigé. À cette correction, je me suis engagé, dans la mesure où l’influence de l’exécutif peut être utile. »

Moins pessimiste que Tocqueville, Grant évoque les Indiens :

« … Et, par un cours humain, il faut amener les aborigènes du pays sous les influences bénignes de l’éducation et de la civilisation. C’est soit une guerre d’extermination, mais les guerres d’extermination, engagées par des personnes poursuivant le commerce et toutes les activités industrielles, coûtent cher, même contre les personnes les plus faibles, et sont démoralisantes et méchantes. Notre supériorité en force et les avantages de la civilisation devrait nous rendre indulgents envers l’Indien.Le mal qui lui est infligé devrait être pris en compte et le solde placé sur son crédit.La vision morale de la question devrait être considérée et la question posée, l’Indien ne peut-il pas devenir un membre utile et productif de la société par un enseignement et un traitement adéquats ? Si l’effort est fait de bonne foi, nous serons meilleurs devant les nations civilisées de la terre et dans nos consciences pour l’avoir fait. » 

Enfin, la prophétie ultime, la république mondiale promue dans des termes clairs et définitifs :

« Plutôt, je crois que notre grand créateur prépare le monde, dans son bon temps, à devenir une nation, à parler une langue, pour quand les armées ne seront plus nécessaires. »

Car comme dit Dostoïevski, « Hélas ! Nous sommes des pygmées comparativement aux citoyens des États-Unis. »

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Références

  • Second Inaugural Address of Ulysses S. Grant
  • Nicolas Bonnal – Chroniques sur la fin de l’histoire ; Dostoïevski et la modernité occidentale (Amazon.fr)
  • Hermann Melville, Moby Dick, p. 498 (ebooksgratuits.com) – « les lignes vibraient soudain dans l’eau, conduisant jusqu’à eux, comme un fil magnétique, les pulsations de la vie et de la mort de la baleine dont la trépidation se transmettait jusqu’aux bancs des canotiers… »
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