Le pédophile Jeffrey Epstein travaillait-il pour le Mossad ?


Par Philip Giraldi – Le 11 juillet 2019 – Source Unz Review

Photo de gauche : Jeffrey Epstein et sa partenaire, Ghislaine Maxwell, avec Donald et Melania Trump à Mar-a-Lago en 2000. Photo de droite : Ghislaine Maxwell au mariage de Chelsea Clinton. Crédit : Davidoff Studios/Getty Images

L’ampleur de l’espionnage israélien dirigé contre les États-Unis est une histoire énorme qui n’est que rarement abordée dans les médias grand public. L’état juif est régulièrement en tête de liste des pays soi-disant amis qui font de l’espionnage agressif contre les États-Unis, et le juif américain Jonathan Pollard, qui a été emprisonné en 1987 pour avoir espionné pour Israël, est maintenant considéré comme l’espion le plus dommageable de l’histoire des États-Unis.

La semaine dernière, j’ai écrit un article expliquant que les espions israéliens, qui opèrent plus ou moins librement aux États-Unis, sont rarement embêtés, et encore moins arrêtés et poursuivis, parce que les échelons supérieurs du gouvernement ne sont pas disposés à le faire. J’ai cité le cas d’Arnon Milchan, un producteur de films hollywoodiens milliardaire dont la deuxième vie consistait à voler des technologies secrètes aux États-Unis pour permettre le développement du programme d’armes nucléaires israélien, ce qui était tout à fait contraire aux intérêts américains. Milchan a été impliqué dans un certain nombre d’autres vols et ventes d’armes pour le compte de l’état juif, à tel point que l’on prétend que son travail de producteur de films était moins lucratif que son travail d’espion et de marchand d’armes sur le marché noir, pour lequel il travaillait sur commande.

Le fait que Milchan n’ait jamais été arrêté par le gouvernement étatsunien ou même interrogé sur ses activités illégales, qui étaient bien connues des autorités, n’est qu’une manifestation de plus de l’efficacité du pouvoir sioniste à Washington. Une affaire beaucoup plus convaincante impliquant un possible espionnage avec des manifestations politiques majeures vient de refaire surface. Je fais référence à Jeffrey Epstein, le milliardaire “financier” de Wall Street qui a été arrêté et accusé d’exploiter sexuellement un “vaste” réseau de filles mineures, à partir de ses hôtels particuliers à New York et en Floride ainsi que de son île privée dans les Caraïbes, que les visiteurs appelaient “Orgy Island”. Parmi d’autres associés de grande valeur, on prétend qu’Epstein était particulièrement proche de Bill Clinton, qui a volé des dizaines de fois à bord du 727 privé d’Epstein.

Epstein a été arrêté le 8 juillet après avoir été inculpé par un grand jury fédéral à New York. Plus d’une décennie s’était écoulée depuis qu’Alexander Acosta, le plus haut procureur fédéral de Miami, qui est maintenant secrétaire au Travail du président Trump, avait accepté de négocier le plaidoyer portant sur des allégations similaires de pédophilie, négociation qui n’a pas été partagée avec les accusateurs avant d’être finalisée devant la cour. Il y aurait eu des centaines de victimes, dont environ 35 ont été identifiées, mais Acosta a délibérément refusé aux deux plaignants de témoigner devant le tribunal avant que la peine soit prononcée.

L’intervention d’Acosta a permis à Epstein d’éviter à la fois un procès public et une éventuelle peine de prison fédérale, et de ne purger que 13 des 18 mois prononcés dans la prison du comté de Palm Beach, pour avoir prostitué des filles en Floride. Pendant sa détention, il était autorisé à quitter la prison pendant seize heures, six jours par semaine, pour travailler à son bureau.

Les crimes d’Epstein ont été commis dans son manoir de Manhattan (56 millions de dollars) et dans sa villa au bord de l’océan, à Palm Beach en Floride. Les deux résidences étaient équipées de caméras cachées et de microphones dans les chambres à coucher, qu’Epstein aurait utilisés pour enregistrer les rapports sexuels entre ses invités très en vue et ses filles mineures, dont beaucoup venaient de milieux pauvres et étaient recrutées par des proxénètes pour se livrer à ce qui était décrit par euphémisme comme des “massages”, pour de l’argent. Epstein ne faisait apparemment aucun effort pour cacher ce qu’il faisait : son avion s’appelait le Lolita Express.

Les Démocrates réclament une enquête sur l’affaire Epstein, ainsi que la démission d’Acosta, mais ils pourraient bien finir par regretter leurs demandes. Trump, la véritable cible de la fureur d’Acosta, ne connaissait apparemment pas les détails de la négociation de plaidoyer qui a mis fin au procès Epstein. Bill et Hillary Clinton étaient, par contre, des associés très proches d’Epstein. Bill, qui a volé au moins 26 fois à bord du Lolita Express, pourrait être impliqué dans des actes pédophiles étant donné ses antécédents et son manque relatif de morale conventionnelle. Lors de ces nombreux voyages, Bill refusait l’escorte des services secrets, qui auraient été témoins de tout comportement répréhensible. Lors d’un long voyage en Afrique en 2002, Bill et Jeffrey étaient accompagnés de l’acteur pédophile Kevin Spacey et d’un certain nombre de jeunes filles, des “employées” à peine vêtues, identifiées uniquement comme “masseuses”. Epstein a également été l’un des principaux donateurs de la Fondation Clinton et était présent au mariage de Chelsea Clinton en 2010.

À l’approche d’une année électorale, les Démocrates ne voudraient guère que l’on rappelle au public les exploits de Bill, mais il faut se demander jusqu’où l’enquête pourrait aller. Il y a aussi un angle d’attaque possible contre Donald Trump. Bien que Donald n’ait peut-être pas souvent voyagé à bord du Lolita Express, il a certainement évolué dans les mêmes cercles que les Clinton et Epstein à New York et Palm Beach, et il est, selon ses propres termes, aussi amoral que Bill Clinton. En juin 2016, une certaine Katie Johnson a intenté une action en justice à New York en prétendant qu’elle avait été violée à plusieurs reprises par Trump lors d’une soirée organisée par Epstein, en 1993, alors qu’elle n’avait que 13 ans. Dans une interview accordée en 2002 au New York Magazine, Trump déclarait : “Je connais Jeff depuis quinze ans. C’est un mec génial…. c’est très amusant d’être avec lui. On dit même qu’il aime les belles femmes autant que moi, et beaucoup d’entre elles sont plutôt jeunes. Sans aucun doute, Jeffrey aime sa vie sociale.”

Les enquêtes très sélectives sur les actes répréhensibles, de même que les dénonciations, sont la règle du jeu à Washington, et l’affaire Epstein présente également toutes les caractéristiques d’une importante affaire d’espionnage, peut-être liée à Israël. À moins qu’Epstein ne soit un pédophile extrêmement malade qui aime regarder des films d’autres hommes baisant des filles de douze ans, le fait que tout était filmé ressemble aux actes d’un service de renseignement sophistiqué qui compilerait des documents pour faire chanter des personnalités politiques et autres personnalités publiques. Il ne fait aucun doute que, dans la plupart des cas, les personnes faisant l’objet d’un chantage coopéreraient avec le gouvernement étranger concerné pour éviter un scandale majeur. C’est ce qu’on appelle recruter des “agents d’influence”. C’est ainsi que fonctionnent les services de renseignement.

Le fait qu’Epstein était perçu comme étant lié au renseignement est clairement visible dans les commentaires d’Acosta dont l’équipe de transition de Trump a autorisé la publication. On lui demandait : “L’affaire Epstein va-t-elle poser un problème [pour les audiences de confirmation des charges] ?” Acosta avait expliqué, avec une apparente désinvolture, qu’à l’époque il n’avait eu qu’une seule réunion sur l’affaire Epstein. Il avait conclu un accord de non-poursuite avec l’un des avocats d’Epstein parce qu’il “lui a été demandé” de se retirer, en lui rappelant qu’Epstein était au-dessus de son niveau. “On m’a dit qu’Epstein appartenait aux renseignements et qu’il fallait le laisser tranquille.”

Les questions que soulève la richesse d’Epstein suggèrent également un lien avec une agence gouvernementale secrète aux poches bien garnies. Le New York Times rapporte que “ce qu’il faisait exactement avec son portefeuille de clients était assez secret, comme l’étaient la plupart des noms de ceux pour qui il travaillait. Il prétendait avoir un certain nombre de milliardaires comme client, mais le seul connu était Leslie Wexner, le fondateur milliardaire de plusieurs chaînes de détail, dont The Limited.”

Mais de quel service de renseignements s’agit-il ? La CIA et les services russes du FSB sont des candidats évidents, mais ils n’auraient aucun motif particulier d’acquérir un agent comme Epstein. Il ne reste qu’Israël, qui a toujours désiré avoir un groupe stable d’agents d’influence de haut niveau en Europe et aux États-Unis. Le contact d’Epstein avec les services de renseignements israéliens peut avoir été établi de façon plausible par le biais de ses associations avec Ghislaine Maxwell, qui aurait été sa principale fournisseuse de jeunes filles. Ghislaine est la fille de Robert Maxwell, décédé ou peut-être assassiné dans des circonstances mystérieuses en 1991. Maxwell était un homme d’affaires anglo-juif, de profil très cosmopolite, comme Epstein, un multimillionnaire qui était très controversé à cause de ce qui était considéré comme ses liens permanents avec le Mossad. Après sa mort, Israël lui a offert des funérailles nationales au cours desquelles six chefs des services de renseignements israéliens, anciens et actuels, ont écouté le premier ministre Yitzhak Shamir prononcer son éloge : “Il a fait plus pour Israël que ce que l’on peut en dire aujourd’hui”

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Trump (à gauche) avec Robert Maxwell (à droite) lors d’un événement

Epstein tenait un cahier personnel permettant d’identifier plusieurs de ses contacts, cahier qui est maintenant entre les mains des enquêteurs. Il contient quatorze numéros de téléphone personnels appartenant à Donald Trump, dont ceux de son ex-femme Ivana, de sa fille Ivanka et de son épouse actuelle Melania. Il contient également ceux du Prince Bandar d’Arabie Saoudite, de Tony Blair, de Jon Huntsman, du sénateur Ted Kennedy, de Henry Kissinger, de David Koch, de Ehud Barak, d’Alan Dershowitz, de John Kerry, de George Mitchell, de David Rockefeller, de Richard Branson, de Michael Bloomfield, de Dustin Hoffman, de la Reine Elizabeth, du Roi Salman d’Arabie Saoudite, et d’Edward de Rothschild.

Le Mossad aurait exploité les contacts d’Epstein, organisant leur coopération en faisant en sorte qu’Epstein les invite dans des endroits exotiques pour leur fournir ripailles et bon vins, puis femmes et divertissements. S’ils refusent de coopérer, il sera toujours temps de les faire chanter, avec ces photos et ces vidéos de leurs rapports sexuels avec des mineures.

Il sera très intéressant de voir jusqu’à quel point ira l’enquête sur Epstein et ses activités. On peut s’attendre à ce que des efforts soient faits pour protéger les hauts responsables politiques comme Clinton et Trump et pour éviter toute enquête sur un éventuel rôle israélien. C’est la pratique normale, comme en témoignent le rapport sur le 11 septembre et l’enquête Mueller, qui ont tous deux évité toute enquête sur le rôle d’Israël. Mais cette fois, s’il s’agissait bien d’une opération israélienne, il pourrait s’avérer difficile de camoufler l’histoire, car son aspect pédophile a déclenché une colère publique considérable dans tout l’éventail politique. Le sénateur Chuck Schumer, autoproclamé “protecteur” d’Israël au Sénat, demande haut et fort la démission d’Acosta. Il pourrait changer d’avis s’il s’avère qu’Israël joue un rôle important dans l’histoire.

Philip M. Giraldi

Traduit par Wayan, relu par Olivier pour le Saker Francophone

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