Le féminisme : l’enfant chéri du patriarcat et du capitalisme


Par Neyla Miller – Le 2 août 2016 – Source thesaker.is

La nomination de Hillary Clinton comme candidate à la présidence a été exhibée comme une victoire historique pour le mouvement féministe. Tout comme le changement célébré avec Obama en 2008 a été emballé dans ce que beaucoup ont vu comme un effacement des barrières raciales, la « grande fissure dans le plafond de verre » de Clinton a provoqué les acclamations de joie des féministes grand public.

Il n’y a qu’un seul (gros) problème avec ça… Le féminisme grand public n’est pas le féminisme. C’est une marque, sans doute de luxe, exactement comme celle des Obama et Clinton.

La bande de Hillary. De gauche à droite: Gloria Steinem, écrivaine et avocate des questions féminines, Hillary Clinton, Melanne Verveer et Diane von Furstenberg, créatrice de mode.

Ces femmes promeuvent toutes les droits et la progression des femmes, et pourtant elles défendent le contraire dans la manière dont elles gèrent leurs propres affaires. Les femmes perdent leur pouvoir avec l’âge, c’est pourquoi elles se radicalisent. Les hommes prennent du pouvoir avec l’âge, c’est pourquoi ils deviennent alors moins radicaux.

Jeudi soir, Clinton a prononcé son discours d’acceptation, vêtue d’un tailleur-pantalon blanc qui a été vu depuis comme un hommage à l’histoire du mouvement des femmes. On pourrait souligner le fort contraste entre un tailleur-pantalon et les jupes longues portées par les femmes qui ont été les pionnières de ces changements ; toute délicatesse féminine a désormais été éliminée. À bien des égards, les femmes ont beaucoup progressé ; ce n’est qu’au cours des cent dernières années que nous avons été autorisées à voter aux États-Unis. Les femmes sont mieux éduquées, sont beaucoup plus présentes sur le marché du travail, et depuis la révolution sexuelle des années 1960, nous avons un meilleur contrôle sur nos corps.

Alors qu’est-ce qui n’est pas bien dans nos progrès ?

Les femmes sont souvent devenues les esclaves de leurs emplois, exactement comme leurs collègues masculins. Elles ont accumulé les mêmes énormes sommes pour leur dette étudiante pour encore renforcer leur servitude. Dans l’économie d’aujourd’hui, hommes et femmes sont souvent indispensables pour assurer le revenu des ménages avec enfants. Même dans la plus saine des familles, le temps familial de qualité est limité – rendant les enfants plus vulnérables aux influences extérieures d’autres personnes et de la société de consommation en général.

Des femmes en position de pouvoir sont citées lorsqu’elles parlent des difficultés d’avoir réussi dans une profession dominée par les hommes, exposant toutes les manières dont elles se sont détachées de leur nature féminine sur leur place de travail, ce qui en est rarement resté là. Les femmes, comme les hommes, se sont de plus en plus déconnectées de leur nature émotionnelle et de leur sensibilité, dans leur quête pour parvenir à plus d’égalité entre humains.

Ce sont souvent ces femmes qui ont renoncé à des parties d’elles-mêmes que nous voyons encensées à une si large échelle. Il est difficile de ne pas noter que beaucoup de ces femmes sont riches et/ou blanches, et pour cette raison, ne parlent pas pour le reste de la population féminine. Le féminisme dominant s’est aventuré sur une voie où il n’est plus qu’une sorte de sororité acariâtre, une qualité qui ne rehausse en rien la féminité. Il y a les filles filles et les filles garçons… Mais depuis quand le fait d’être une fille fille est-il du féminisme ? Depuis quand isoler votre propre genre est-il considéré comme de l’émancipation ?

Les agressions sexuelles sont devenues une préoccupation croissante aux États-Unis, sur laquelle de plus en plus d’accent a été mis ces dernières années sur les campus universitaires. Les moyens esthétiques permettant aux adolescentes de parfaire leurs seins, et maintenant même les lèvres de leur sexe, deviennent un rite d’entrée dans l’âge adulte. Les plasties de la vulve ont doublé ces dernières années. Les États-Unis sont le plus grand producteur de pornographie au monde, on évalue qu’ils ont contribué pour trois quarts a la production des contenus disponibles au cours des années récentes. Plus troublant encore est le soutien croissant à la légalisation de la prostitution afin de protéger les travailleurs du sexe, ce qui ne contribue pas a faire cesser cette pratique mais ne fait que perpétuer l’abus.

Les femmes peuvent librement avoir des relations sexuelles, comme les hommes, aussi longtemps qu’elles polluent leurs corps avec des hormones artificielles. La pilule a été l’une des nombreuses expériences pratiquées sur des personnes emprisonnées dans les camps pendant la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, les femmes adolescentes et adultes les avalent chaque jour sans réfléchir. Les problèmes de fertilité des deux sexes ont augmenté jusqu’à devenir beaucoup trop courants. Plutôt que de traiter la racine psychologique et émotionnelle de ces problèmes, beaucoup cherchent des procédures étendues et invasives. Cela met en question la manière dont ces nouvelles libertés ont été utilisées. Plus important, comment nourrissent-elles à la fois les individus et la société ? Comment les appauvrissent-elles ?

La collision de la révolution sexuelle et de l’augmentation du consumérisme dans les années 1960 et 1970 peut aisément être identifiée dans la croissance des dysfonctionnements entre les sexes et par rapport au sexe. La société occidentale a une vision incroyablement perverse du sexe. Ce qui est communément connu comme de la pornographie n’est pas très différent de la plus grande partie de ce que nous voyons dans la mode ou les médias et la publicité. De grandes marques se nourrissent d’un tel sexisme, encourageant l’exploitation auprès des jeunes en développement. C’est aussi inutile qu’inapproprié.

Loin de moi le fait de contester la lutte et le combat des générations de femmes qui ont précédé la mienne, mais je me demande tout ce qui a été perdu dans les divisions entre générations et entre les idéaux féministes de l’époque et ce qu’il est devenu actuellement. L’idée entourant cette notion que les garçons seront des garçons et que les filles doivent apprendre à jouer avec cette notion [de faire comme un garçon, NdT] déprécie les esprits et les besoins des futurs filles et garçons.

La mentalité consumériste qui s’est mise à dominer notre monde moderne a infiltré les valeurs dans les familles et les sociétés en général, et y est maintenue grâce a l’emprise des gouvernements et de l’establishment médical occidental. La libération ne peut exister sans le socialisme. Le patriarcat, avec sa hiérarchie, l’accent qu’il met sur le niveau de vie matériel, ne bénéficie ni aux hommes ni aux femmes. Le féminisme et sa volonté de jouer dans la même cour que les hommes dans le cadre des idéaux du patriarcat a seulement éloigné encore l’humanité de la nourriture qui fait défaut à notre monde vide de sens. Le féminisme est du féminin divin – quelque chose que beaucoup de féministes, hommes et femmes, ont oublié. Les deux genres ont nettement été détournés de leur chemin.

Les fissures dans le plafond de verre ne sont pas le problème, ils ne l’ont jamais été. Ce sont les craquements dans les fondements dont nous devons nous occuper, collectivement.

Neyla Miller est écrivain et poète, elle travaille actuellement avec de petits enfants. Elle a grandi dans le sud de la Californie et elle a passé la plus grande partie de sa vie adulte Los Angeles, New York et Londres. Elle est passionnée par le théâtre classique et heureuse de se sentir chez elle à Moscou. Elle écrit sur le site http://www.theideaofme.com/

Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker francophone

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