La bataille sur ce que signifie être une femme


Au moment où les lois en Europe, au Canada et aux États-Unis sont réécrites pour étendre la définition de ce qu’est être femme ou homme, comment un tel changement influencera-t-il la bataille pour l’égalité de celles qui sont nées femmes ?


 

Par Chris Hedges – Le 2 juillet 2017 – Source Truthdig

Le patriarcat, partout dans le monde, tourmente l’humanité. Dans certaines régions, les fœtus féminins sont souvent avortés parce qu’ils sont considérés comme de moindre valeur que les fœtus mâles. Les filles sont parfois étouffées dans leur berceau. De nombreuses femmes et jeunes filles sont vendues à des hommes comme esclaves sexuelles et reproductrices. Beaucoup sont victimes de mutilations sexuelles. Beaucoup sont victimes de traite et forcées de se prostituer. À beaucoup on refuse le droit à l’avortement et à la contraception. Beaucoup, pour survivre économiquement, vendent leurs ovules à des donneurs ou louent leurs ventres à des couples qui ne peuvent avoir d’enfants. Dans certains pays, dont l’Arabie saoudite et certains endroits en Inde, les femmes sont considérées comme la propriété de gardiens mâles. Il y a des villages en Inde où les femmes n’ont qu’un seul rein parce qu’elles ont vendu l’autre. Les femmes se voient souvent refuser l’instruction et, même dans les pays industrialisés, sont moins payées pour faire le même travail que les hommes.

À une époque où certains, nés avec des corps d’hommes, s’identifient comme étant des femmes, comment celles qui sont nées femmes peuvent-elles définir leur oppression spécifique basée sur leur expérience ? Au moment où les lois en Europe, au Canada et aux États-Unis sont réécrites pour étendre la définition de ce qu’est être femme ou homme, comment un tel changement influencera-t-il la bataille pour l’égalité de celles qui sont nées femmes ?

Le débat sur l’identité de genre oppose le récit trans aux féministes radicales. C’est l’une des batailles les plus amères et les plus hargneuses à gauche. Les féministes radicales sont fustigées par beaucoup à gauche comme réactionnaires pour leur insistance sur le fait que celles qui sont nées femmes ont une identité unique et séparée en tant que groupe opprimé, qui les oblige à se constituer des espaces protégés et des organisations.

« La liberté d’association est particulièrement importante pour les opprimés », a déclaré Alice Lee, cofondatrice de l’Asian Women Coalition Ending Prostitution [Coalition des femmes asiatiques pour mettre fin à la prostitution] lorsque je l’ai atteinte par téléphone ici à Vancouver.

« Il est absolument nécessaire pour les opprimés de pouvoir se regrouper. Cela nous permet d’oser identifier et dire à haute voix nos expériences communes et de trouver des stratégies efficaces pour renverser nos oppresseurs. La formation de ces groupes de défense des droits civils, des groupes de lutte contre le racisme, des centres de crises pour femmes victimes de violences et des refuges, des conseils, des clubs, des associations et des organisations religieuses sont la garantie d’une société civile démocratique. Les décisions sur l’adhésion à un groupe doivent être un processus d’auto-détermination. Si nos critères sont dictés par l’État ou par ceux qui appartiennent aux groupes oppresseurs cela signifie être vaincues dès le départ. »

« L’approche néolibérale se centre sur les ressentis et les choix individuels au détriment de l’expérience partagée en groupe, poursuit Lee. C’est une stratégie délibérée pour empêcher le développement de toute contestation efficace de la suprématie masculine, la suprématie blanche, la suprématie hétérosexuelle et la domination par ceux qui contrôlent le capitalisme. Nous forcer à ouvrir nos groupes à ceux qui ne partagent pas les expériences fondamentales de notre réalité tue le potentiel pour la révolution à la racine. »

De nombreux membres de la communauté trans ne sont pas d’accord. L’une est Misty Snow, candidate démocrate de l’Utah au Sénat lors des élections générales de novembre dernier et première femme transgenre à se présenter à l’élection pour un tel siège. [Cliquez ici pour lire et entendre une interview de Snow que le rédacteur en chef de Truthdig a réalisée pour son émission sur KCRW [une station de radio de service public américaine en Californie, NdT], « Scheer Intelligence » en octobre 2016]. Elle a récemment annoncé sa candidature à la Chambre des Représentants des États-Unis.

Lorsque je lui ai parlé au téléphone, Snow a dit :

« L’argument selon lequel l’inclusion de personnes trans dans des espaces traditionnellement réservés à des jeunes filles et à des femmes porte atteinte aux droits des jeunes filles et des femmes et présuppose une sorte de sororité collective qui n’existe pas.

Les femmes de couleur, longtemps marginalisées par les féministes blanches, affrontent diverses formes d’oppression, de la même manière que les personnes trans font face à différentes formes d’oppression.

Cela recycle le vieil argument féministe des années 1950 lorsque les femmes de couleur étaient exclues du mouvement féministe. Beaucoup de choses concernent les femmes privilégiées, en particulier les femmes blanches qui s’accrochent au statu quo. »

L’égalité des droits des filles et des femmes aux États-Unis est protégée sous le Titre IX, mais de nouvelles lois brouillent les lignes sur ce que signifie être femme. Les féministes disent que ces lois, promulguées au nom de l’inclusion, aboutissent à effacer ce que signifie être femme. Elles accusent ce changement d’être un cadeau au patriarcat et à l’État corporatiste, qui cherche à transformer tout le monde, en particulier les plus vulnérables, en marchandises démunies et atomisées. Lorsque les sociétés s’effondrent, ce sont les filles et les femmes, ainsi que les enfants et les personnes âgées, qui subissent les pires abus et la violence. Compte tenu du délitement général de la société civile et de la montée de gouvernements autoritaires et proto-fascistes, le besoin de force collective est vital, affirment ces féministes.

« Le patriarcat est un système millénaire de suprématie masculine, par lequel les gens qui ont un corps d’homme exploitent ceux qui ont un corps de femme pour le travail reproductif, sexuel et domestique », m’a expliqué la féministe MaryLou Singleton lors d’une conversation à New York. « Lorsque le pouvoir et la propriété sont détenus par des hommes et transmis à leurs héritiers, les hommes doivent surveiller et contrôler le corps des femmes pour savoir qui sont leurs héritiers. Aujourd’hui, c’est à l’échelle mondiale que les femmes ne contrôlent pas leur propre reproduction et dépendent des hommes pour mettre au monde et élever leurs enfants. »

Par la socialisation, la culture de la consommation, qui les définit comme genre, forme les femmes à participer à leur propre soumission. La prostitution et la pornographie, par exemple, sont vendues par le patriarcat comme libératrices et sources d’autonomie pour les femmes. Celles qui correspondent aux normes rigides de la socialisation féminine sont récompensées et célébrées. Celles qui ne le font pas sont rejetées, marginalisées et souvent attaquées.

« Le capitalisme prospère par la promotion d’un individualisme extrême et cette idée que nous sommes tous des individus séparés et uniques », explique Singleton. « Nous sommes à un stade du capitalisme tardif où l’identité est à vendre. Les gens prennent une identité de consommateur. Je crois que cette [trans]identité particulière est commercialisée auprès de nos jeunes gens, qui sont à un âge où ils se posent beaucoup de questions sur leur identité. Il a toujours été reconnu que les enfants, les adolescents et les jeunes adultes se demandent ce qu’ils sont et ce qu’ils veulent être. »

Les militants trans contestent cependant l’idée qu’être trans soit une identité fabriquée.

« Être transgenre n’est pas une identité de consommateur induite chez nous par le système capitaliste », explique Snow. Les personnes transgenre ont existé longtemps avant le capitalisme et continueront d’exister. Propager le récit que les identités trans sont simplement des identités de « consommateur » plutôt qu’une identité authentique ne fait que renforcer les normes rigides dictant ce que signifie être femme. Les femmes trans sont souvent rejetées, marginalisées et attaquées parce qu’elles échouent à correspondre à ces normes rigides. Les soi-disant « féministes » qui désirent étiqueter les identités trans comme inauthentiques font le travail du patriarcat en renforçant les normes rigides et les idées sur ce que signifie être femme. »

Il existe une industrie de milliards de dollars construite autour de la chirurgie de réassignation du genre. Les compagnies pharmaceutiques fournissent des médicaments et des hormones qui bloquent la puberté et les caractères sexuels secondaires des enfants. Dans nos tribunaux, nous ne jugeons pas les enfants comme des adultes, parce que nous reconnaissons que leurs cerveaux ne sont pas totalement développés, et pourtant les enfants sont autorisés à ingérer des drogues puissantes qui les affecteront pour la vie. Ceux qui changent d’avis à propos d’une décision de changement de genre doivent souvent se débrouiller avec des corps modifiés de manière permanente.

« La transition médicale de genre en pédiatrie a été largement poussée dans le champ médical », dit Singleton, qui est infirmière praticienne. Toutes les brochures de conférence que je reçois contiennent quelque chose sur le transgendérisme. C’est une énorme expérimentation sur nos enfants, qui procure de l’argent, où des enfants encore tout petits sont diagnostiqués comme habitant le faux corps et pris dans ces cliniques de genre où ils sont d’abord socialement conditionnés à vivre comme le sexe opposé. Je trouve cela problématique. Je pense que les enfants devraient être en mesure de faire ce qu’ils veulent (sans avoir à prendre des décisions par rapport à leur genre). Qu’est-ce que c’est sinon du sexisme que de vivre comme un garçon ou comme une fille ? ».

« Après la transition sur le plan social, lorsque ces enfants approchent de l’âge nubile, ils sont placés sous des drogues très fortes qui suppriment leur puberté », dit-elle. « On appelle ça des bloqueurs de puberté. Ces médicaments ont de nombreux effets secondaires à long terme que nous connaissons déjà d’après des enfants qui ont été placés sous ce traitement dans le passé. Une fois qu’ils parviennent à leur prime adolescence et que leurs pairs commencent à entrer dans la puberté alors qu’eux ont un corps d’enfant, la pression est de leur donner des hormones du sexe opposé. Si vous donnez à un enfant des bloqueurs de puberté et des hormones du sexe opposé avant une puberté naturelle, cet enfant ne se développera jamais normalement comme le sexe auquel il appartient. Ils seront définitivement stériles et définitivement dépendants d’hormones synthétiques parce que leurs ovaires ou leurs testicules ne seront jamais développés et ne peuvent pas produire leurs propres hormones. »

Existe-t-il quelque chose comme un « cerveau féminin » ? Ou les hommes et les femmes – les garçons et les filles – agissent-ils différemment parce que la société les a conditionnés à se comporter conformément aux stéréotypes masculins et féminins ? Un garçon qui s’habille en fille et joue avec des poupées est-il une fille ou tout simplement un garçon qui s’habille comme une fille et joue avec des poupées ?

« L’idée que les traitements liés à la transition sont promus chez les gens simplement pour faire de l’argent est absurde, affirme Snow. Le capitalisme a effectivement été un obstacle et non un promoteur des soins liés à la transition. Pendant la plus grande partie du XXe siècle et même au XXIe, les personnes transgenres ont lutté pour obtenir les soins les plus élémentaires liés à leur transition, parce que de nombreux médecins et hôpitaux ne voulaient pas traiter les transgenres par crainte de nuire à la réputation de leur pratique et à leurs affaires. En plus, il y a eu dans l’histoire des quantités de restrictions sur qui est autorisé à accéder à ces soins, où des professionnels de la santé mentale servaient de gardiens reportant ou refusant souvent aux personnes transgenres les soins nécessaires. Les soins liés à la transition ne sont pas une « expérimentation génératrice d’argent » ; c’est un traitement qui s’est révélé efficace pour ceux qui présentent une dysphorie de genre. Ce n’est pas un traitement prescrit par des médecins sur un coup de tête ou promu auprès des gens par intérêt financier. »

« Les enfants et les jeunes adultes ne décident pas qu’ils sont trans parce qu’on leur a fait de la publicité, poursuit-elle. Il existe beaucoup de notions scientifiques qui soutiennent le fait que les cerveaux masculins et féminins sont différents et répondent différemment aux hormones, et les enfants sont souvent conscients de manière innée du fait qu’ils sont différents dès qu’ils sont capables de dire la différence entre homme et femme et commencent à s’identifier avec le sexe auquel ils savent appartenir. Beaucoup trop souvent, des affirmations d’un enfant sur son identité de genre sont ignorées par les parents et d’autres adultes de confiance, ce qui conduit à la honte, à la confusion et à la dépression chez l’enfant. Ces enfants ressentent souvent le besoin de dissimuler leur vraie identité pour éviter la déception de leurs parents et les brimades de leurs pairs. C’est seulement au moment où ils arrivent à l’âge adulte qu’ils se sentent libre de vivre une vie authentique. C’est souvent trop tard, cependant, car leurs corps ont déjà subi les ravages de la puberté qui a produit des changements irréversibles dans leur corps. C’est pourquoi il est très important pour les personnes transgenres que l’amour et le soutien dont elles ont besoin pour s’exprimer commencent dès leur enfance. Lorsqu’elles approchent des années d’adolescence, il est très important qu’elles puissent accéder aux traitements qui leur permettront d’éviter l’expérience terrifiante de passer par la fausse puberté et de développer des caractères sexuels secondaires typiques de leur genre. Refuser ces traitements aux enfants est cruel et peut les laisser avec des quantités de regrets lorsqu’ils atteignent l’âge adulte et avec le sentiment qu’on leur a volé leur enfance sans pouvoir vivre une vie normale. »

Les lois promulguées pour protéger les personnes trans de la discrimination le font souvent en élargissant la définition légale de ce que signifie être une femme. La communauté trans a indiscutablement besoin de protection légale. Les personnes transgenres sont couramment harcelées, subissent des attaques violentes, y compris par la police, et sont discriminées à un pourcentage plus élevé que la population normale. La communauté transgenre présente également des taux beaucoup plus élevés de tentatives de suicide, de pauvreté et de sans-abri. Mais certaines féministes soutiennent que ces nouvelles lois, quoique bien intentionnées, suppriment efficacement les filles et les femmes comme groupe opprimé de manière spécifique.

« Deux moyens principaux [pour réduire les acquis légaux des femmes] sont explorés en ce moment, a déclaré la procureure Maya Dillard Smith, qui a été destituée de sa charge de présidente de la section géorgienne de l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU) lorsqu’elle a mis en question la décision de l’administration Obama d’autoriser les personnes trans nées hommes d’entrer dans les toilettes des femmes. L’un est contenu dans le Titre IX. C’est un acte législatif de 1972 qui, pour l’essentiel, interdit à toutes les écoles qui touchent des financements fédéraux de discriminer les gens sur une base sexuelle. L’une des manières dont on essaie de convertir la loi est que les directives d’Obama publiées l’an dernier se lisent fondamentalement, dans l’interdiction de la discrimination sexuelle, [que] pour quelqu’un qui s’identifie lui-même comme un homme ou une femme, les mêmes protections devraient être étendues à quelqu’un né homme ou femme. Cela signifie que les individus trans devraient avoir accès aux aménagements dans les écoles, dans le contexte du sport, du logement, des douches et des vestiaires. » [En février de cette année, l’administration Trump a annulé les directives Obama, NdE].

« En 1975, cependant, poursuit Dillard Smith, le juge [Anthony] Kennedy a déclaré essentiellement que le sexe, comme la race, est une caractéristique immuable. Une caractéristique immuable [signifie que] que non par votre faute, mais par un accident de l’ADN, vous êtes soit né avec de la mélanine dans la peau, comme moi en tant que femme noire, ou pour être homme ou femme avec vos organes sexuels. Il n’y a rien qui puisse changer cela. »

« Un autre moyen passe par la ‘clause de protection égale’, explique-t-elle. La ‘protection égale’ est la base [constitutionnelle] d’où est issue d’abord cette notion de caractéristiques immuables. Elle a émergé pour protéger les Afro-Américains contre la discrimination raciale. Aujourd’hui les mots de trans-noir ou trans-race sont mis en avant, en particulier par la femme blanche Rachel Dolezal, du Nord Ouest, qui est devenue une femme noire et a été un membre dirigeant de la NAACP [Association nationale pour la promotion des gens de couleur, NdT], et qui maintenant s’identifie comme trans-noire ou trans-race. Ainsi les implications de la loi auront les plus grandes conséquences pour la promotion des droits des femmes, mais également pour la promotion des gens de couleur. »

« Comment explorons-nous ces droits pour les transgenres d’une manière qui ne nuise pas aux droits des femmes ou des personnes de couleur ? », demande-t-elle. « Il faut des adaptations. Mais comment le faire d’une manière qui nuise le moins aux droits des autres ? »

La plupart des militants trans rejettent l’analogie entre être trans et se définir soi-même comme membre d’une autre race.

« Évoquer Rachel Dolezal pour en tirer un argument est une fausse équivalence sans pertinence lorsqu’on parle des personnes transgenre », affirme Snow. « La dysphorie de genre est une condition très réelle et documentée, avec une base biologique et des directives très précises pour son traitement, ainsi qu’une longue histoire. Trans-race et trans-noir sont des termes sans histoire que Dolezal a fabriqués et qui ne peuvent être assimilés aux expériences ou aux réalités des personnes transgenres. »

Dillard Smith, revenant au problème lancinant de l’accès aux toilettes, dit : « C’est vraiment malheureux que nous entamions tout un récit national autour des toilettes. Il y a beaucoup de gens qui disent que ne pas autoriser les personnes trans à aller dans les toilettes correspondant à leur identité de genre crée des ‘installations séparées mais égales’. Ils assimilent cela aux installations ‘séparées mais égales’ qui existaient avant le mouvement pour les droits civils, où les toilettes étaient séparées sur une base raciale. À quoi je réponds que lorsque les toilettes étaient séparées sur une base raciale, ce n’était fait que dans des buts discriminatoires. La différence avec les toilettes pour un seul sexe, pour hommes et pour femmes, est que l’application du Titre IX a spécifiquement permis de protéger les droits à la vie privée et à la sécurité des femmes. En les accordant, on doit fournir des aménagements égaux. Il y avait une justification légitime qui n’était pas discriminatoire. »

Singleton affirme : « Les femmes sont protégées par la loi sur une base sexuelle. Pour les Nations Unies, il existe certaines protections de ce type. Les prisonnières méritent d’être logées séparément des hommes. Si une prison héberge les deux sexes, les femmes doivent être logées aussi loin que possible des hommes. C’est le droit international. Aujourd’hui, nous avons une situation où n’importe quel homme criminel peut s’auto-déclarer comme femme, même s’il est un violeur en série. Ces hommes sont transférés dans des prisons pour femmes. Il y a un procès en Californie où des femmes ne se sentent pas en sécurité avec ces hommes transgenres en prison. »

« Nos statistiques criminelles changent, poursuit Singleton. Des hommes qui s’identifient comme femmes violent des femmes avec leur pénis, et ces crimes sont recensés comme étant commis par des femmes. Ce sont des exemples. Si une femme cherche un abri dans un refuge pour femmes, il peut y avoir des hommes déclarés comme femmes. Il y a eu des agressions dans ces centres par des hommes transgenres sur des femmes transgenres. »

Snow réfute les assertions de Dillard Smith et Singleton :

« Les personnes trans souffrent de plus de brimades, de discrimination et de violences que tout autre fraction de la population ou presque. Ces féministes cherchent à peindre les trans comme des agresseurs, ce qui n’est pas vrai, dans les faits.

Ce n’est pas qu’il n’y ait pas de criminel dans la communauté trans. Il y en a. Mais utiliser ces criminels pour définir toute la communauté trans n’est pas différent des racistes blancs qui utilisent les criminels noirs pour définir toute la communauté noire.

Nous, en tant que personnes trans, devons être incluses dans les espaces [pour femmes] parce que lorsque nous entrons dans les espaces destinés aux hommes, nous sommes harcelées, menacées et parfois agressées. Les accusations de ces féministes n’ont aucune base dans la réalité.

Les transgenres ont les mêmes besoins que les autres gens, et ils ont besoin d’aller aux toilettes aussi souvent que les autres. Si une personne transgenre n’est pas autorisée à aller aux toilettes, comment peut-elle aller au travail ? Comment peut-elle aller à l’école ? Interdire des toilettes à une personne transgenre, en substance, l’empêche d’être en mesure de participer à la vie publique. »

Dillard Smith déclare : « Le travail de ma vie a été de défendre les droits de tous. En le faisant, je suis appelée à équilibrer ces droits. Ce que j’explore en soulevant ces questions vise à savoir comment on réalise des aménagements pour les personnes trans sans violer en même temps exagérément et sans nécessité les droits des autres – comme les femmes, les enfants ou les parents. C’est un équilibre délicat. Pour y parvenir, nous devons nous engager dans un dialogue constructif et accepter de ne pas être d’accord afin de proposer la meilleure politique publique possible. »

Singleton affirme : « Je soutiens pleinement les droits des personnes transgenres à ne pas subir de discrimination. Comme Maya, je pense que nous avons besoin d’un débat national sur où finissent ces droits et où ceux des femmes commencent. D’après ce que je vois, le récit transgenre renforce beaucoup le patriarcat. Dans notre culture, le genre est synonyme de sexisme. C’est le système comportemental de caste qui dit quel doit être le comportement des hommes et celui des femmes. Cela n’a aucune base dans la réalité matérielle. Ce n’est fondé que sur des stéréotypes sexuels. Je n’ai jamais entendu un récit trans qui ne repose pas sur des stéréotypes pour expliquer comment quelqu’un a su qu’il était effectivement né dans le faux corps. J’aimerais revenir au vieux cri de guerre féministe : Commençons une révolution et cessons de haïr notre corps. »

Pour Snow, la question n’est pas la haine du corps. C’est plutôt, dit-elle, celle de permettre à des personnes nées hommes qui se sentent intérieurement femmes d’être ce qu’elles sont vraiment.

Elle dit encore : « Les soi-disant féministes défendent une [idée] très patriarcale de ce qu’est une femme. Protéger les droits des femmes trans et les autoriser à accéder aux espaces destinés aux femmes ne viole pas les droits de ces dernières. Ces craintes sont absurdes et infondées et tiennent plus à la protection des privilèges de certaines femmes qu’à celle des droits de toutes les femmes. »

Chris Hedges

Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker francophone

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