Comment savoir si la Russie a envahi l’Ukraine ?


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Par Dmitry Orlov – Le 1er septembre 2014 – Source Club Orlov via Le Grand Soir

Jeudi dernier le gouvernement ukrainien, relayé par le porte parole de l’OTAN, a déclaré que l’armée russe avait envahi l’Ukraine. Eh bien, c’est peut-être vrai, qu’en savons-nous ? Ils l’ont déjà dit le 13 août et aussi le 17 août, et chaque fois sans preuve ou avec de fausses preuves. Mais laissons-leur le bénéfice du doute.

Jugez-en vous-même. Voilà la liste des 10 signes qui vous permettront de déterminer si c’est vrai que la Russie a envahi l’Ukraine jeudi dernier ou s’il s’agit d’une nouvelle invention (à porter au crédit de Roman Kretsoul)

Parce que si la Russie était entrée jeudi dernier en Ukraine, voilà à quoi ressemblerait la situation samedi après-midi.

1. L’artillerie ukrainienne est silencieuse. Elle ne bombarde plus les quartiers résidentiels de Donetsk et de Lougansk. C’est parce qu’elle a été localisée avec une grande précision avant l’opération et que, avant jeudi après-midi, elle a été complètement anéantie par des attaques aériennes et des tirs de roquette au sol ; c’était le premier point du programme. Les habitants se réjouissent de voir leur terrible épreuve prendre fin.

2. L’activité militaire sur le terrain, à Donetsk et à Lougansk a complètement changé de nature. À la place des petits groupes de résistants, il y a maintenant des bataillons russes de 400 hommes et des dizaines de blindés suivis des convois de véhicules de soutien (camions citerne, communications, cuisines de campagne, hôpitaux de campagne, etc.) Le flux des véhicules entrant et sortant est incessant, et on peut facilement le voir sur les photos des systèmes de reconnaissance ou des satellites. À cela s’ajoute le flot continu des échanges radios en russe que tout le monde peut intercepter sans problème ; l’opération est devenue impossible à cacher.

3. L’armée ukrainienne a vite disparu. Les soldats et les officiers ont enlevé leurs uniformes, abandonné leurs armes et font de leur mieux pour se fondre dans la population locale. Personne ne pense que l’armée ukrainienne a la moindre chance contre l’armée russe. La seule et unique fois où l’Ukraine a remporté une victoire militaire contre la Russie, c’était à la bataille de Konotop en 1659, mais à l’époque, l’Ukraine avait comme allié le puissant Khanat de Crimée et, vous l’avez peut-être remarqué, cette fois-ci la Crimée n’est pas dans le camp de l’Ukraine.

4. Il y a des checkpoints russes partout. On laisse passer les civils locaux mais tous ceux qui sont associés à un gouvernement, étranger ou local, sont retenus pour être questionnés. Un système de filtration a été mis en place pour renvoyer les conscrits ukrainiens démobilisés chez eux, mais les volontaires et les officiers sont enfermés dans des centres de détention préventive pour déterminer si des crimes de guerre ont été commis sur leur ordre.

5. La plupart des postes frontières sont maintenant sous contrôle russe. Certains sont soutenus par l’aviation, l’artillerie et des bataillons de chars pour dissuader l’OTAN d’essayer d’envahir l’Ukraine. On laisse passer les marchandises civiles et humanitaires. Les hommes d’affaires aussi, à condition qu’ils remplissent les formulaires adéquats (qui sont en russe).

6. La Russie a instauré une zone d’exclusion aérienne sur toute l’Ukraine. Tous les vols civils ont été annulés. Il y a une foule d’employés du Département d’État étasunien, d’agents de la CIA et du Mossad et d’employés d’ONG occidentales qui se retrouvent coincés à l’aéroport de Borispol à Kiev. Certains appellent nerveusement tous ceux qu’ils connaissent sur leur portable. Les politiciens occidentaux exigent d’être immédiatement évacués, mais les autorités russes veulent les garder sur le territoire pour établir leur éventuelle complicité dans des crimes de guerre.

7. Les dirigeants ukrainiens, jamais avares de paroles jusqu’ici, comme le président Porochenko, le député Iatseniouk et d’autres, ne donnent plus d’interview aux médias occidentaux. Personne ne sait au juste où ils sont. Le bruit court qu’ils ont déjà quitté le pays. La foule a envahi les résidences qu’ils ont abandonnées et elle est sidérée d’y trouver des toilettes en or pur. Les oligarques ukrainiens sont eux aussi introuvables, excepté le seigneur de guerre Igor Kolomoisky, qui, abandonné par ses hommes de main, a été retrouvé mort d’une crise cardiaque dans sa résidence (selon The Saker).

8. Les 800 000 Ukrainiens réfugiés en Russie commencent à rentrer chez eux en masse. Ils vivaient dans des village de tentes, la plupart dans la région voisine de Rostov, mais avec l’hiver qui arrive, ils ont hâte de rentrer à la maison maintenant que les bombardements ont cessé. En même temps qu’eux, des équipes de reconstruction, des camions de ciment et des wagons plats chargés de tuyaux, de câbles et d’acier d’armature arrivent en quantité pour réparer les dégâts causés par les bombardements.

9. L’activité diplomatique et militaire internationale est intense, surtout en Europe et aux États-Unis. Les armées sont en alerte maximale, les diplomates courent d’une conférence à l’autre autour du globe. Le président Obama vient juste de tenir une conférence de presse pour annoncer que “Nous n’avons pas encore de stratégie en Ukraine.” Ses conseillers militaires lui disent que sa stratégie habituelle de “bombarder un peu pour voir” ne servira à rien dans le cas présent.

10. Kiev s’est rendu. Il y a des tanks russes sur la place Maïdan. L’infanterie russe éponge ce qui reste de la Garde Nationale ukrainienne. Un couvre-feu est instauré. La conquête de Kiev ressemble à l’opération “Shock and Awe” de Bagdad : quelques boums suivis d’un soupir.

Armés de cette liste, vous devriez être capables de dire si oui ou non la Russie a envahi l’Ukraine jeudi dernier.

Dmitry Orlov

Traduction : Dominique Muselet

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