La Grèce, les BRICS et l’argent


Le vice-ministre des Finances de la Russie encourage la Grèce à solliciter un financement des BRICS


Par Agence Tass – Le 8 juillet 2015 – Source Russia Insider

 

La demande grecque devra être approuvé par tous les membres du BRICS

MOSCOU, 7 juillet (TASS) – La Grèce peut facilement recevoir un financement de la Banque de développement créée par les BRICS, a déclaré mardi dernier le vice-ministre des Finances Sergueï Storchak.

Selon lui, il sera suffisant que la Grèce achète quelques actions de la banque pour être admissible au financement. Il a ajouté que cela nécessiterait une décision politique. «S’ils achètent, pour ainsi dire, quelques actions et deviennent un membre de la banque, ils seront en mesure de compter sur les ressources de celle-ci. Nous n’exigeons pas une contribution en échange d’un financement. Il est généralement admis que les actifs des pays servent de collatéraux aux prêts», a déclaré Storchak.

Le ministre adjoint des Finances a également déclaré que l’admission d’un nouveau membre au système actuel est toujours, et d’abord, une décision politique.

«Il se trouve que les Grecs sont les premiers à être intéressés par la banque des BRICS. Dès que l’Institut commencera à fonctionner, le conseil d’administration préparera et approuvera la procédure pour examiner les demandes d’adhésion de nouveaux candidats», a-t-il souligné.

Stortchak a dit qu’il «ne voit aucun problème» à l’approbation de la Grèce, à sa demande.

«Je ne vois pas de problème si les cinq gouvernements demandent à leurs gouverneurs de la soutenir [la demande de la Grèce]», a-t-il précisé.

Traduit par jj, relu par Diane  pour le Saker Francophone.

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Voilà pourquoi il n’y a toujours pas d’accord avec l’Iran sur le nucléaire

«...Par une nuit viennoise profonde et chaude, avec le légendaire Café Sacher déjà fermé, il y avait encore un long chemin à parcourir. Dans une chambre d'hôtel, un diplomate iranien réfléchit. ‹Les Américains ont créé une structure de sanctions qu'ils ne veulent pas détruire. Émotionnellement, ils veulent la garder.› Il n'est pas étonnant que la plupart des parenthèses non résolues dans le texte final se rapportent encore à des sanctions américaines et européennes.»

Pepe Escobar

Pepe Escobar

Par Pepe Escobar – Le – 7 juillet 2015 – Source Asia Times

VIENNE – Alors que la négociation  Iran-P5 + 1 atteignait son étape décisive lundi soir, et que les équipes techniques avaient poussé pour qu’un texte clair soit divulgué mardi – sans succès – le point d’achoppement s’est avéré être l’embargo sur les armes classiques imposé à l’Iran par le Conseil de sécurité, a déclaré un diplomate européen à Asia Times.

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Battre l’Oncle Sam à son propre jeu

Par Mike Whitney – Le 8 juin 2015 – Source CounterPunch

«Washington ne recherche ni la paix, ni la guerre. Washington cherche à dominer les autres pays. Si cet objectif peut être atteint par des moyens pacifiques, tant mieux. Sinon, Washington entre en guerre. C'est aussi simple que cela.»

William Blum, interview à Russia Today
«Les USA sont en train de s'activer frénétiquement pour entourer la Chine de systèmes d'armements, de patrouilles aériennes, de navires de guerre et d'une multitude de bases militaires, déployées sur un réseau de petites îles proches au Japon, en Corée du Sud et aux Philippines, ou dans sa toute nouvelle et gigantesque base d'Australie... La flotte des USA, ses porte-avions et ses sous-marins nucléaires patrouillent au voisinage des eaux chinoises. Bombardiers, avions de surveillance, drones et satellites espions remplissent les cieux, au point qu'ils en assombrissent les aurores.»

Jack A. Smith, Jeux d'hégémonie : les USA contre la RPC, CounterPunch

L’immense accroissement des capacités militaires US dans la zone du pacifique asiatique témoigne d’un changement fondamental de la politique des USA vis-à-vis de la Chine. Washington n’adhère plus à l’opinion suivant laquelle la Chine peut être intégrée au système mondial actuel, dominé par les USA. Les actions récentes de la Chine, en particulier l’annonce de son plan pour créer une Banque d’investissement asiatique dans les Infrastructures (la Asian Infrastructure Investment Bank ou AIIB, BIAI pour nous), qui serait un compétiteur direct de la Banque mondiale ou du FMI, a créé de nombreuses alarmes dans la capitale, où grands décideurs anonymes et dirigeants de groupes de réflexion sont d’accord pour affirmer qu’une politique plus ferme est nécessaire pour ralentir l’ascension chinoise. La confrontation actuelle en mer de Chine méridionale, dans laquelle les USA ont demandé à la Chine de cesser immédiatement ses activités visant à réclamer des territoires contestés, indique qu’une telle politique a déjà été lancée, ce qui rapproche d’autant les perspectives d’un affrontement entre ces deux adversaires disposant de l’arme nucléaire.

Il n’est pas nécessaire de décrire en détail les opérations chinoises dans le cadre de la dispute des iles Spratleys, lorsque toute personne raisonnable est capable d’admettre que Washington n’a pas d’intérêt légitime à exprimer concernant quelques monceaux de sables accumulés sur des récifs à 10 000 km de son territoire. Ces îles artificielles ne posent aucune menace envers la sécurité nationale des USA, pas plus qu’envers la liberté de navigation. L’administration Obama ne fait qu’utiliser les iles Spratleys comme un prétexte pour provoquer, intimider et harceler Beijing. Les îles Spratleys sont mises en avant pour envenimer les relations, pour ameuter une coalition hostile à la Chine parmi les alliés des USA dans la région, pour diaboliser la Chine au travers des médias, pour construire les moyens nécessaires à la destruction de l’ambitieux projet chinois d’une route de la Soie économique et stratégique, et pour menacer le flanc Est chinois au moyen des flottes US-américaines qui mettent en péril l’accès chinois à des voies maritimes et à des sources d’approvisionnement énergétique cruciales. Car c’est bien l’objectif ultime de la manœuvre ; forcer la Chine à s’incliner et à accepter les diktats de Washington. Et c’est bien ce que veulent les USA.

Dans un discours récent aux Dialogues de Shangri-La tenus à Singapour, le secrétaire à la Défense Ashton Carter a indiqué qu’«il n’existe pas de solution militaire au contentieux en mer de Chine méridionale». Quelques instants plus tard, et sans aucune trace d’ironie, Carter a énuméré une longue liste de matériel militaire que le Pentagone prévoit de déployer dans la zone Asie-Pacifique, pour y améliorer les capacités offensives des USA. La liste inclut notamment «des sous-marins nucléaires de dernière génération classe Virginie, des aéronefs de surveillance maritime de type P-8 Poséidon, le tout dernier destroyer furtif, le Zumwalt, ainsi que les tout nouveaux avions de surveillance E-2D Hawkeye embarqués sur porte-avion». Le Pentagone prévoit également de déployer «de nouveaux systèmes sans pilotes aériens ou maritimes, un nouveau bombardier à long rayon d’action, un canon électromagnétique, des laser et de nouveaux systèmes spatiaux ou adaptés au cyberespace, dont quelques surprises».

Pour quelqu’un qui ne croit pas à une solution militaire, Carter s’équipe d’un formidable arsenal meurtrier. La question à poser est donc : pourquoi? Washington se prépare-t-il à la guerre?

Sans doute pas. Les USA ne veulent pas d’une guerre avec la Chine. Mais Washington rêve d’être l’acteur dominant sur le marchés le plus prometteur et prospère de ce siècle, l’Asie. La croissance éclair de la Chine a mis en péril ce projet, ce qui explique qu’Obama en soit réduit à rameuter l’artillerie lourde. La coalition anti-Chine, les accords de commerce excluant la Chine (TPP) et cet accroissement militaire sans précédent sont tous destinés à préserver le rôle dominant de Washington sans réellement déclencher une guerre. L’administration Obama pense qu’une démonstration de force sera suffisante pour entraîner un changement de ton. Ils pensent que la Chine reculera plutôt que se confronter à l’immense pouvoir militaire de l’Empire US. Mais cela sera-t-il vraiment le cas ? Voici un autre extrait du discours de Carter à Shangri-La.

Les USA continueront de protéger la liberté de navigation et de survol, des principes qui ont garanti la paix et la prospérité de cette région pendant des décennies. Que personne ne s’y trompe : les USA continueront à voler, naviguer et patrouiller en tout point où leur présence est permise par les lois internationales, de la même manière que pour le reste du globe.
Les Etats-Unis d’]Amérique, aux côtés de leurs alliés et partenaires régionaux, ne se laisseront pas déposséder de ces droits, les droits dont jouissent toutes les nations. Après tout, transformer un rocher immergé en piste d’atterrissage ne permet pas de prétendre à la souveraineté sur les eaux alentours, ni d’y poser des restrictions au transit aérien ou maritime international.

De qui se moque Carter ? La Chine ne pose aucun danger pour la liberté de navigation ou de survol. Le vrai danger [pour les USA] vient de la participation chinoise, d’un montant de $100 Mds, à la Banque de développement des BRICS qui est mise en place pour financer quelques-uns des «plus grands projets de l’histoire moderne, dont notamment, la construction de nouvelles infrastructures eurasiennes, de Moscou à Vladivostok, et de la Chine du Sud jusqu’à l’Inde». L’acronyme BRICS (Brésil Russie, Inde, Chine est Afrique du Sud) désigne un groupe de pays qui «représentent 56% de la production économique mondiale, et 85% de la population mondiale. Ils contrôlent près de 70% des réserves mondiales en devises étrangères. Leur croissance annuelle moyenne est entre 4 et 5%» (Source Sputnik News). En d’autres termes, les institutions contrôlées par les USA sont sur le point de perdre leur rôle si exaltant de souscripteurs de l’économie globale, car les plus grands projets d’infrastructures de notre planète seront financés par la Chine et ses alliés. Bien entendu, cela ne s’accorde pas avec la vision de Washington, où les maîtres du jeu s’inquiètent de l’érosion graduelle que l’influence des USA va subir, alors que le centre du pouvoir au niveau mondial est inexorablement entraîné vers l’Est.

L’hégémonie des USA est également menacée par les politiques économiques sino-centriques adoptées par la Chine, que Robert Berke résume dans un article sur OilPrice.com, intitulé Et si la Nouvelle Route de la Soie apportait la richesse au monde ? [1/3]. Voici un extrait de l’article.

«La Chine est en train de mettre sur pied le plus grand projet de développement économique et d’infrastructures jamais entrepris ; la Nouvelle Route de la Soie. Ce projet vise rien de moins qu’un changement révolutionnaire dans la carte de l’économie mondiale… Cette vision ambitieuse cherche à ressusciter les anciennes Routes de la Soie, en les transformant en des corridors modernes pour le transit, le commerce et l’économie, courant de Shanghai à Berlin. Cette Route traversera la Chine, la Mongolie, la Russie, la Biélorussie, la Pologne et l’Allemagne, sur une distance supérieure à 12 000 km, pour créer une zone économique s’étendant sur un tiers de la circonférence terrestre.

Ce plan comporte la construction de lignes ferroviaires à grande vitesse, de routes et d’autoroutes, de réseaux fibres optiques, de transmission et de distribution d’énergie. Les villes et ports le long de cette routes seront les cibles de programmes de développement économique.

Une part tout aussi essentielle de ce plan est la Route de la Soie maritime, un projet aussi ambitieux que sa contrepartie terrestre, reliant la Chine au golfe Persique et à la mer Méditerranée, à travers l’Asie centrale et l’océan Indien. Lorsqu’elle sera complétée, tout comme l’ancienne Route de la Soie, elle connectera trois continents ; l’Asie, l’Europe et l’Afrique. Cette chaîne de projets d’infrastructures créera le plus grand corridor économique mondial, qui couvrira une population de 4,4 milliards de personnes, et une production économique de 21 billions de dollars.

Pour le reste du monde, les décisions chinoises concernant la Route sont rien moins que mémorables. Cet immense projet pourrait être le vecteur d’une véritable renaissance au niveau des échanges commerciaux, industriels, scientifiques, culturels et intellectuels, qui pourrait bien rivaliser avec la Route de la Soie originale. Il est également de plus en plus clair que les conflits géopolitiques autour de ce projet pourraient bien mener à une nouvelle guerre froide entre l’Est et l’Ouest, pour la domination de l’Eurasie. Et son issue est loin d’être acquise. Robert Berke, Oil Price)

La Chine est parfaitement située pour recueillir les fruits de la croissance explosive de l’Asie. Le pays a payé pour atteindre cette position, en améliorant ses infrastructures et ses capacités industrielles, et il est maintenant en position de force, prêt à bénéficier du fait que «la moitié de l’humanité vivra en Asie à l’horizon 2050» et que «plus de la moitié de la classe moyenne globale ainsi que la consommation correspondante viendra de cette région». Les corporations US seront les bienvenues dans la compétition sur ces nouveaux marchés, mais leurs résultats n’approcheront jamais de ceux des entreprises localisées en Chine. (C’est pourquoi certains membres puissants des élites corporatistes ont demandé au Pentagone d’intervenir)

Le pari de Washington dans les îles Spratley est une tentative de renverser la vapeur, faire dévier la trajectoire chinoise actuelle, et faire des USA la pièce maîtresse régionale, capable d’y écrire les règles du jeu et d’en désigner les gagnants. Comme l’a dit le Secrétaire à la Défense Carter, dans un discours antérieur, donné à l’Institut McCain en Arizona, «on trouve déjà 525 millions de consommateurs de la classe moyenne en Asie, et ils seront 3,2 milliards dans la région en 2030». Les corporations US souhaitent récupérer la part du lion sur ces marchés, y refourguer leurs gadgets, suivre le cours des transactions locales, et en siphonner les profits. Le boulot de Carter consiste à les aider à atteindre ces objectifs.

Une autre menace envers la domination globale des USA vient de la Banque d’investissement asiatique pour les infrastructures (BIAI) mentionnée plus haut. Le danger posé par la BIAI ne vient pas simplement du fait qu’elle va financer de nombreux projets d’infrastructures nécessaires à l’intégration de l’Europe, l’Asie et l’Afrique dans une zone de libre-échange géante, mais cette banque est également construite comme un concurrent direct des institutions financières clé contrôlées par les USA (le FMI et la Banque mondiale), qui ont permis le maintien de la poigne de fer washingtonienne sur le système financier mondial. Alors que cette poigne se desserre progressivement, l’importance des transactions transfrontalières en dollars US ira décroissant, ce qui menacera le rôle du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale. Comme le note l’auteur Bart Gruzalski dans son excellent article sur CounterPunch: «La Chine et la Russie sont en train de créer des alternatives qui menacent le statut du dollar en tant que seule monnaie internationale d’importance. En développant les alternatives commerciales au dollar, ces nations contestent la valeur du dollar et menacent donc l’économie des USA.» (Bart Gruzalski, An Economic Reason for the US vs. China Conflict, CounterPunch).

L’ancien secrétaire auTtrésor Larry Summers a présenté une vision particulièrement sombre du développement de la BIAI, dans un éditorial édité en avril dans le Washington Post. Il y affirmait :

Le mois dernier pourrait bien passer dans les mémoires comme le moment ou les USA ont perdu leur place de contrôleur du système économique global. Bien sûr, le pays a connu un grand nombre de périodes difficiles auparavant, ainsi que des épisodes où son comportement pouvait difficilement être qualifié de multilatéraliste, comme par exemple lors de la décision de Nixon en 1971 de ne plus indexer la valeur du dollar sur l’or. Mais aucun évènement ne me vient à l’esprit, depuis Bretton Woods, qui puisse se comparer à la combinaison des efforts de la Chine pour établir une nouvelle institution majeure et l’échec des USA à persuader plusieurs douzaines de ses alliés traditionnels, à commencer par la Grande-Bretagne, de ne pas y adhérer.

Summers continue en reconnaissant la menace que les dysfonctionnements politiques (au Capitole), pose au «rôle prééminent du dollar dans le système international». Il est clair qu’il est conscient de la gravité des évènements et de la menace que pose la BIAI envers l’hégémonie des USA. Le lecteur devrait noter que les avertissements inquiets de Summers n’ont été émis que quelques mois avant que Washington ne reforge sa politique chinoise de façon dramatique, ce qui permet de supposer que l’annonce de la fondation de la BIAI a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Peu de temps après, l’administration Obama a intégré des changements cruciaux à ses politiques antérieures. Confinement et intégration ont été remplacés par les politiques actuelles d’intimidation, de provocation et de confrontation. Beijing a été promu ennemi numéro 1, le premier rival stratégique des USA.

La suite des événements devrait être évidente pour qui a suivi les actions des États-Unis d’Amérique ces dernières années. Les USA se considèrent maintenant en guerre avec la Chine, ce qui implique que tous les moyens et ressources seront utilisés, à l’exception des moyens militaires, pour vaincre cet ennemi. Les USA ne s’engageront pas dans une campagne militaire contre un adversaire capable de riposter ou d’infliger une défaite à leurs forces armées. C’est une règle cardinale des politiques militaires US. Bien que nous soyons donc à l’abri d’une conflagration nucléaire, cela n’exclut pas une campagne de propagande à outrance, visant à démoniser la Chine et ses dirigeants dans les médias (malheureusement, on constate que les comparaisons à Hitler et au Kaiser ont déjà commencé), des attaques asymétriques sur les marchés et la monnaie chinoise, des sanctions économiques cruelles, des financements venus d’ONG contrôlées par les USA pour les dissidents chinois, les agents étrangers, les membres de la cinquième colonne, des intrusions dans les eaux territoriales et l’espace aérien chinois, la coupure de l’accès à des sources d’énergies stratégiques cruciales (80% du pétrole importé par la Chine transite par le détroit de Malacca vers la Mer de Chine méridionale) et, enfin, un soutien clandestin aux djihadistes modérés dont l’objectif est de renverser le gouvernement chinois et en faire un califat islamique. Tous ces moyens, tous ces intermédiaires seront employés pour battre Beijing, renverser sa stratégie ambitieuse de Route de la Soie, freiner sa croissance explosive, et saboter ses plans visant à en faire l’acteur prééminent de l’Asie.

Washington a jeté le gant en mer de Chine méridionale. Si Beijing souhaite préserver son indépendance et renverser les USA de leur position hégémonique mondiale, il devra relever le défi, se préparer à une longue lutte, et battre l’Oncle Sam à son propre jeu.

Cela ne sera pas une partie de plaisir, mais c’est faisable.

Mike Whitney

Traduit par Étienne, relu par jj pour le Saker Francophone

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Saint-Pétersbourg dans le cœur de l’action

Pepe Escobar

Pepe Escobar

Par Pepe Escobar – Le 20 juin 2015 – Source AsiaTimes

Les chiens de la peur et des sanctions occidentales aboient, tandis que la caravane eurasienne passe .

Et aucun caravansérail ne pourrait rivaliser avec la 19e édition du Forum international économique de Saint-Pétersbourg (SPIEF). Des milliers de chefs d’entreprises mondiales – y compris des Européens, mais pas d’Américains ; après tout, le président Poutine est le nouvel Hitler – représentant plus de 1 000 sociétés internationales, y compris les PDG de BP, Royal Dutch Shell et Total, ont investi la ville avec panache.

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La Russie et la Chine vont gagner contre les États-Unis


Le 06 juin 2015 – Source: Vodka et Pelmini 

Voici ce que déclare un grand banquier allemand !

China und Russland wenden sich von den USA ab, die EU spielt nur noch eine Nebenrolle. Der Westen läuft Gefahr, die Auseinandersetzung mit dem Rest der Welt zu verlieren. Aufnahme vom Feuerwerk beim APEC-Gipfel 2014. (Foto: dpa)

La Chine et la Russie se détournent des États-Unis, l’UE ne joue qu’un rôle de soutien. L’Occident est en danger de perdre sa relation avec le reste du monde. Photo lors des feux d’artifice au sommet de l’APEC en 2014. (Photo: Reuters)

 

Folker Hellmeyer prédit que les dommages économiques  seront assez significatifs pour l’UE et l’Allemagne si elles  décident de poursuivre la politique de sanctions imposée par les États-Unis.

Folker Hellmeyer, Chefvolkswirrt der Bremer Landesbank. (Foto: Bremer Landesbank)

Folker Hellmeyer, économiste en chef chez Bremer Landesbank. (Photo: Bremer Landesbank)

Hellmeyer: «Les USA ne sont plus une démocratie, mais une oligarchie!»

Folker Hellmeyer, chef économiste à la Bremer Landesbank,  n’a pas de doute sur le futur du système économique mondial: l’axe Moscou-Pékin-BRICS va prévaloir contre l’ancien hégémon, les États-Unis.  Ces pays en ont assez de l’Occident; parce qu’ils veulent mettre en place une stratégie à long terme, et pas d’opportunisme, l’UE, à cause de son obéissance aveugle à la politique des sanctions, devrait faire partie des perdants.

Deutsche Wirtschafts Nachrichten: – Les pays de l’UE font état de pertes en raison des sanctions contre la Russie. Quels dommages les sanctions ont-elles déjà causés, selon votre estimation ?

Folker Hellmeyer: – Les dommages sont beaucoup plus importants que ne le montrent les statistiques. Commençons par l’économie et l’accumulation des dégâts jusqu’à maintenant. Bien sûr, la baisse des exportations allemandes de 18% sur l’année en 2014  et de 34% dans les deux premiers mois de 2015 comprennent seulement les pertes primaires. Il y a aussi des effets secondaires. Les économies des pays européens qui ont une activité forte en Russie, entre autres, en particulier la Finlande et l’Autriche, souffrent massivement. En conséquence, ces pays passent moins de commandes en Allemagne. En outre, afin de contourner les sanctions, certains conglomérats européens envisagent de créer des installations de production avec un plus haut niveau d’efficacité en Russie. Par conséquent, nous perdons ce potentiel de stocker du capital, qui est le fondement de notre prospérité. La Russie remporte cette masse de capital.

– On ne sait pas encore si les sanctions prendront fin dans un avenir prévisible. Quelle sera le montant de la facture à payer, en particulier pour l’économie d’exportation allemande ?

– L’Allemagne et l’UE ont mis leur fiabilité économique à l’égard de la Russie en question. L’Allemagne et l’UE ont rompu la confiance mutuelle. Il faudra plusieurs années pour reconstruire cette confiance. Il se passe jusqu’à cinq ans entre la signature d’un contrat et la livraison du matériel dans les exportations en provenance d’Allemagne et d’Europe lorsqu’elles livrent des équipements pour l’industrie. Siemens a quitté un projet d’envergure pour cette raison. Alstom a perdu le contrat pour le chemin de fer Moscou-Pékin. Les dommages potentiels, non seulement pour l’Allemagne mais aussi pour l’UE, sont beaucoup plus massifs que les chiffres actuels ne pourraient l’exprimer. Les dommages à l’avenir ne peuvent pas être exactement quantifiés, mais ils sont certainement significatifs.

En outre, dans le cadre de la Coopération de Shanghai et des pays des BRICS, l’axe Pékin-Moscou est occupé à la planification des plus grands projets de croissance économique de l’histoire moderne – la construction de l’Eurasie et de l’infrastructure de Moscou à Vladivostok, et ensuite vers le Sud de la Chine et de l’Inde. Dans quelle mesure les pays émergents considèrent-ils la politique de sanctions de l’UE et de l’Allemagne, autour de ces méga projets, comme un affront, non seulement contre la Russie mais aussi contre eux-mêmes? Cela reste à voir. Apparemment, certains participants à la vie politique européenne manquent de capacité d’abstraction pour saisir toute l’étendue des effets de leurs actions.

Qui paiera pour les dommages, à la fin ?

Les dommages mesurables se composent de pertes de croissance, de pertes dans le domaine salarial, de pertes de cotisations pour le système social et de pertes de recettes fiscales. C’est valable pour les 12 derniers mois et aussi pour les années à venir. Ainsi, les populations de l’Allemagne et de l’UE le paient par un manque d’amélioration de leur bien-être et de leur sécurité à long terme. Le dommage non mesurable réside dans l’augmentation des risques géopolitiques pour les personnes vivant dans l’UE.

Si nous regardons la situation en Ukraine de manière objective, il semble que le gouvernement de Kiev soit principalement intéressé à garder la situation au bord de l’explosion, afin de toujours obtenir de nouveaux prêts. N’y a-t-il aucun politicien occidental pour parler franchement avec eux ?

C’est irritant, en effet. Les gens qui ne sont pas seulement informés par les médias occidentaux de qualité sont surpris que ceux-ci masquent l’agression et les lois discriminatoires mises en œuvre par Kiev, qui sont en contradiction flagrante avec la revendication des valeurs occidentales et de la démocratie. Je dois reconnaître que M. Steinmeier parle en effet clairement derrière des portes closes. La question est de savoir si, de l’autre côté de l’Atlantique, on soutient M. Steinmeier. Je renvoie à ce propos aux déclarations de la représentante des intérêts états-uniens, Victoria Nuland. Le fait est que le coup d’État en Ukraine a remplacé l’oligarchie amicale envers Moscou par une oligarchie pro-US. C’était de la géopolitique au bénéfice de tierces personnes, mais certainement pas de l’Allemagne, de l’UE, de la Russie et encore moins de l’Ukraine.

La ministre des Finances, Natalie Jaresko, est une ancienne membre du personnel du Département d’État américain, qui a acquis la nationalité ukrainienne seulement un jour avant de prêter serment. Cette ancienne banquière d’investissement est-elle définitivement imbattable ou y a-t-il un master plan là derrière ?

Je ne la connais pas personnellement. On a beaucoup écrit sur elle. L’image qui en ressort ne permet pas d’employer le terme définitivement imbattable à son propos. Le fait que des postes importants dans l’administration ukrainienne soient occupés du personnel étranger, très proche des Etats-Unis et de leurs institutions [je tiens à noter que Tony Blair vient d’être nommé conseiller de Porochenko, à quoi il faut ajouter trois ministères aux mains de non-Ukrainiens  proches des Etats-Unis, et Saakachvilii à Odessa, NdT] souligne le caractère géopolitique du coup d’État. Donc le terme master plan est au moins à discuter, voire probable.

Une figure importante de la récente politique allemande, qui n’est plus en poste actuellement, a déclaré dans un entretien bilatéral que la géopolitique états-unienne contre le pouvoir central de Pékin est le mieux décrite par l’image de l’échiquier de l’Ukraine, avec le sang des pions ukrainiens sur les bandes de Moscou. Je partage ce point de vue.

Le fait que les pays émergents se libèrent eux-mêmes de l’hégémonie américaine est certain. Cela devient évident avec la création d’institutions qui entrent en concurrence avec la Banque mondiale (AIIB) et le FMI (Nouvelle Banque de Développement). Cela déplait à l’hégémon de toujours. Les points chauds internationaux actuels que sont l’Afghanistan, l’Irak, la Syrie, la Libye, l’Égypte – en passant par l’Ukraine –, sont des expressions de la lutte actuelle, clairement reconnaissable, pour le pouvoir. N’avons-nous pas voulu instaurer la démocratie et la liberté dans tous ces pays ? Jetons un coup d’œil sur cette réussite…

Plusieurs pays de l’UE, tels que l’Italie, l’Autriche et la Hongrie, sont de plus en plus audibles sur les sanctions. En Allemagne, cependant, règne une cohésion presque fantomatique. A quoi cela est-il dû ?

Le citoyen allemand est saturé. En dépit de la perte de business, il vit toujours bien. Les prochaines vacances arrivent. Les médias allemands sont politiquement corrects et dociles à l’égard de la géopolitique états-unienne, tout comme nos politiciens. Le nivellement (vers le bas) politique et médiatique de ces questions est efficace.

Quel est l’impact des sanctions sur la relation germano-russe ?

La relation, sur le plan politique, est cassée. Pourtant, le dialogue est toujours maintenu des deux côtés. Ce qui est déjà positif. Moscou est déçu, et en particulier au sujet de la politique allemande, énormément déçu. On reste très réaliste sur l’évaluation, vue de Moscou, de la capacité des Allemands et des Européens à s’exprimer et à vivre une politique indépendante des États-Unis et dans leur propre intérêt. Dans le secteur des entreprises, c’est mieux. Les divers niveaux de discussion sont utilisées. Elles se préparent pour le jour X après les sanctions. Cependant, une rapide relance au niveau d’avant la crise est peu probable. La Russie est un ours. Maintenant, on construit de nouvelles routes d’approvisionnement. On ne va pas abandonner tout cela après la fin des politiques de sanctions. L’arbitraire est peut être en vogue à l’Ouest, mais pas à Moscou. Chaque jour qui passe dans la politique de sanctions, nous consumons un peu notre avenir commun.

Quel est l’impact des sanctions sur les économies nationales de l’UE ?

Nous perdons des points de croissance sur les exportations, nous manquons les dividendes de la paix. Nous réformons les pays faibles de la zone euro, afin de rétablir leur compétitivité internationale grâce à de durs sacrifices, et ensuite nous les privons de marchés. La main gauche de la politique allemande et de l’UE sait-elle ce que fait sa main droite ?

Quels sont les risques pour les banques européennes ?

Ces risques sont largement gérables. La surveillance instaurée par l’autorité de contrôle est efficace et ne permet pas d’envisager d’accidents durables.

Pourquoi les grandes organisations comme la Fédération de l’industrie allemande (BDI) regardent-elles ailleurs ? On pourrait penser que sa mission est de représenter les intérêts de l’industrie…

Il y a une différence considérable entre les déclarations publiques de ces organisations et l’état interne des affaires. Quelque chose se prépare dans le domaine de l’entreprise. Toutefois, je suis déçu par leurs déclarations publiques. Elles agissent de manière politiquement correcte. Leur rectitude politique est limitée à cette même rectitude et est donc par définition erronée.

Pour une économie axée sur l’export, la question de la politique des sanctions est d’une grande importance et, pour certaines entreprises, elle prend une signification existentielle. Romancer sur la primauté du politique, est pour ces organisations un déni de responsabilité.

Le mépris avec lequel le gouvernement étasunien traite les Européens est vraiment remarquable – les mots clés sont NSA et Fuck the UE. Les politiciens européens n’ont-ils aucun respect d’eux-mêmes ou sont-ils trop lâches ?

N’importe quel vrai démocrate, qui prend ses fonctions pour la res publica au sérieux, qui ne foule pas aux pieds son propre droit à l’auto-détermination, doit tirer des conclusions de ces remarques. Ceux qui ne le font pas manifestent un manque de respect de nos valeurs. Je suis le mauvais interlocuteur. Vous devez soumettre ces questions à nos responsables politiques.

L’agressivité interne est inversement proportionnelle à l’attitude de soumission à l’égard de Washington : d’abord les dissidents ont été diffamés comme Poutine-Versteher [ceux qui comprennent Poutine, autrement dit une sorte de 5e colonne pro-Poutine, NdT] et depuis peu, on est un troll pro-Poutine, lorsqu’on n’a pas hurlé avec les loups. La guerre froide nous a-t-elle déjà coûté une partie de notre liberté démocratique ?

Je l’ai écrit en 2007 dans la préface de mon livre, Endlich Klartext [Enfin parler clair] : «D’abord, les marchés libres meurent, puis la démocratie !» Dans ce livre, j’ai également analysé les États-Unis et leur système hégémonique. Les conflits géopolitiques actuels sont utilisés à l’échelle nationale pour démolir les libertés démocratiques, et la cadence s’accélère. Je suis plus préoccupé que jamais. Actuellement, je suis occupé à développer l’idée du terrorisme de la pensée dominante. Nous faisons semblant d’être tolérants et pluralistes. Mais celui qui défend sur des sujets politiquement sensibles une opinion qui s’éloigne de la pensée dominante court le risque d’être isolé et diffamé. Ces évolutions sont totalement antagoniques avec l’exigence de démocratie et de liberté. Oui, les conflits actuels nous coûtent notre démocratie

– Aux Etats-Unis – et contrairement à l’Allemagne – il existe un débat très vif sur le comportement hégémonique du gouvernement, autant à droite qu’à gauche. Pourquoi pas en Allemagne ?

– C’est vrai, mais ce débat n’a aucune répercussion, aux Etats-Unis, sur les rapports de force politiques au parlement. Chez nous, le débat n’est pas très prononcé, mais le parlement est plus multicolore, même si la grande coalition empêche une opposition efficace. Et finalement, peut-être y a-t-il beaucoup d’Allemands pour confondre le bien-être et la liberté de circulation avec la liberté ?

– Comment le conflit continuera-t-il ? Est-il concevable que les Américains et les Russes travaillent à nouveau ensemble – peut-être à cause d’État islamique et de la Syrie – et les Européens seront de nouveau à la traine des deux grandes puissances et paieront ?

Pour moi, le conflit a déjà été tranché. L’axe Moscou-Pékin-BRICS va gagner. Là-bas, on en a assez de l’Ouest. En 1990, ces pays représentaient environ 25% de la production économique mondiale. Aujourd’hui, ils en représentent 56% et 85% de la population mondiale. Ils contrôlent environ 70% des réserves de change mondiales. Ils croissent chaque année en moyenne de 4% à 5%. Comme les États-Unis n’étaient pas prêts à partager leur pouvoir international (par exemple le système de voix au sein du FMI et de la Banque mondiale), les pays émergents construisent leur propre système financier. C’est l’avenir.

À l’heure actuelle, l’UE est entrainée dans un conflit provoqué par les États-Unis, parce qu’elle ne voulait pas  et ne veut toujours pas partager le pouvoir, ce qui paralyse ses possibilités de développement. Plus nous poursuivrons cette politique dans l’Union européenne, plus le prix sera élevé et moins nous serons pris comme des interlocuteurs sérieux.

Sans Moscou et Pékin, pas un problème dans le monde ne peut être résolu. Les États-Unis pourraient en effet agir beaucoup plus pragmatiquement que nous pouvons l’imaginer aujourd’hui. Le manque d’agenda propre de la part de l’UE et de l’Allemagne nous fait passer pour des perdants.

Que devrait-il se passer afin qu’une politique économique et diplomatique indépendante voie à nouveau le jour en Allemagne ?

Pour cette question, je prend un joker. Je demande votre compréhension.

Qu’est-ce que ça signifie, pour une place économique, quand le gouvernement joue à des jeux géopolitiques plutôt que de défendre fermement les intérêts de l’Allemagne, comme tous les autres ?

Cela signifie que ses propres affaires souffrent.

Le parlementaire moyen comprend-il l’interdépendance de la politique et de l’économie ?

À cet égard, je suis sceptique.

Est-ce que la politique va mieux lorsque les politiciens comprennent de moins en moins l’économie mais sont en revanche de plus en plus nombreux ?

Certainement pas. La stabilité d’une démocratie dépend de la stabilité de son économie. Si l’économie subit en permanence des dégâts, la radicalisation de la société augmente. L’Empire allemand a fait cette expérience en 1933. En outre, il y a encore la possibilité que la démocratie se transforme en démocrature, une dictature élue, pour aboutir à l’oligarchie. À cet égard, il y a une enquête de la Princeton University. Citation : «Les États-Unis ne sont plus une démocratie, mais une oligarchie !» Oups, ce n’était pas politiquement correct….

Pour le moment, il y a davantage en jeu que ce que les gens ordinaires veulent l’admettre. Vous m’en voyez profondément préoccupé.

Article original: Deutsche Wirtschafts Nachrichten

Traduit par TJ, relu par Hervé et Diane pour le Saker francophone

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Michael Hudson : Les Russes, la Chine et les BRICS [2/3]

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Michael Hudson : Il n’y a pas de limite objective à la continuation de la dépendance au dollar, à la déflation et au péonage de la dette tant que les victimes ne ripostent pas victorieusement. L’oligarchie des créanciers de Rome a fait place à l’âge des ténèbres pour presque un millénaire.
[...]
Lorsque les grands économistes classiques parlaient d’un libre marché, ils pensaient à un marché libéré de la classe des rentiers, libéré des monopoles et surtout libéré du crédit bancaire prédateur.
[...]
The Saker

The Saker

Par le Saker Original – Le 10 juin 2015 – Source thesaker.is

Chers amis

C'est un immense privilège et un honneur de vous faire part de mon entrevue avec Michael Hudson, que je considère comme le meilleur économiste en Occident.

Le Saker

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La Chine va injecter des milliards de dollars dans des fonds de l’UE


Le 14 juin 2015 – Source thebricspost

Chinese Premier Li Keqiang (R) and German Chancellor Angela Merkel meet with delegates attending the first meeting of Sino-German Advisory Committee on Economy in Beijing, capital of China, July 7, 2014 [Xinhua]

Le premier ministre chinois Li Keqiang (d.) et la chancelière allemande Angela Merkel se réunissent avec les délégués participant à la première réunion du Comité consultatif sino-germanique organisée à Beijing, capitale de la Chine, 7 juillet 2014 [Xinhua]


«Le gouvernement chinois va injecter des milliards de dollars dans un projet beaucoup vanté par l’UE qui veut lancer un plan d’investissement de $315 Mds pour réveiller une économie en difficulté», a déclaré un communiqué de Reuters dimanche.

Le nouveau Fonds européen pour les investissements stratégiques (EFSI) servira à financer des projets d’infrastructure dans des domaines tels que les réseaux de transmissions de données à large bande, l’énergie, le transport, l’éducation, la recherche et l’innovation.

L’investissement sera annoncé par le premier ministre chinois Li Keqiang  lors du sommet Chine-UE à Bruxelles le 29 juin.

Le plan de Pékin d’investir dans des fonds de l’UE fait suite à la décision de plusieurs pays européens de participer à la banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB), dirigée par la Chine.

«La Chine a annoncé qu’elle allait cofinancer des investissements stratégiques d’intérêt commun dans toute l’UE, le montant n’a quant à lui pas été annoncé», a rapporté l’agence Reuters en citant le projet de déclaration finale.

Le fonds de l’UE «sera une opportunité pour la Chine d’investir dans l’UE, en particulier dans le secteur des infrastructures et dans l’innovation» a ajouté le projet de communiqué.

Le fonds proposé est conçu pour être la pierre angulaire de l’ordre du jour de la Commission européenne pour faire repartir l’économie moribonde de l’UE, qui n’a pas réussi à se redresser efficacement depuis la grande récession, et se trouve plongée dans le chômage de masse, risquant ainsi de sombrer dans la déflation.

Pendant ce temps, de plus en plus de pays européens sont tentés de suivre la voie de la Hongrie en s’engageant officiellement dans l’ambitieux projet chinois de Route de la soie, un programme de plusieurs milliards de dollars pour mettre en place les infrastructures permettant de commercer le long des voies terrestres et maritimes de l’antique route de la soie, qui s’étendait à travers l’Asie et l’Europe.

Traduit par Freddy, relu par jj pour le Saker Francophone

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Guerre des chefs : Schloss Elmau contre Ufa


Par Andrew Korybko – Le 8 juin 2015 – Source thesaker.is

Les grands médias adulent les leaders du G7 et leur dernière rencontre en date, se plaisant à rappeler que, comme prévu, la Russie en a été exclue. Ils ont décidé d’en rajouter sur le côté cool de l’événement en soulignant la décontraction de tous les leaders, donnant l’impression que Poutine est passé à côté d’une soirée feu de camp sympa avec ses copains plutôt que de l’une des réunions pro-Occident les plus importantes de l’année. Bien que certains regrettent l’absence de la Russie, ils oublient les sommets relativement plus importants que cette dernière accueillera le mois prochain. Les sommets des BRICS et de l’OCS, qui se succéderont début juillet à Oufa, dans l’Oural, rassembleront les acteurs et les agitateurs les plus importants du monde actuel. Par rapport au G7, on voit clairement que les sommets du monde multipolaire et du monde unipolaire se retrouvent dos à dos, et que, in fine, la Russie a plus à gagner en se rangeant du côté des premiers plutôt que du second.

Le sommet du G7 (Otan + Japon)

Le sommet organisé en Allemagne serait plutôt à considérer comme un rassemblement des alliés les plus importants de l’Otan. Pour l’essentiel, il fonctionne comme un club de discussion transatlantique déguisé en forum économique. La présence du Japon tient au fait qu’il représente le bastion géopolitique de l’Occident en Orient. Au-delà des commentaires rituels sur le dérèglement climatique, cette rencontre a vu ses membres condamner unanimement la supposée agression russe en Ukraine et plaider en faveur du maintien des sanctions malgré le retour de bâton économique qu’elles impliquent pour certains d’entre eux. Cette année, on y a également vu une poignée de pays non européens coopératifs, les dirigeants de l’Ethiopie, de l’Afrique du Sud, de l’Irak, de la Tunisie, du Nigeria et du Sénégal étant accourus à Schloss Elnau pour parler politique avec les grands. Chacun d’eux recherche une assistance quelconque de l’Occident, par exemple dans la lutte contre le terrorisme, leur participation devant alors être considérée comme révélatrice des lieux où le monde unipolaire s’apprête à frapper.

Certains de ces États non européens sont de purs vassaux, comme l’Irak, la Tunisie et le Sénégal, tandis que les autres (Éthiopie, Afrique du Sud, Algérie et Nigeria) oscillent entre les mondes unipolaire et multipolaire, leurs dirigeants s’efforçant de trouver le bon équilibre (ou le plus profitable). Il est évident que plus ils se rapprocheront de l’Occident, plus ils lui seront inféodés sur le plan stratégique. L’Algérie, par exemple, constitue toutefois un cas à part, car il lui est extrêmement difficile de manœuvrer hors de son confinement géopolitique. L’Afrique du Sud, par contre, n’a aucune bonne excuse à proposer pour sa présence au G7 sans son allié BRICS, la Russie, hormis le fait que Zuma tient à s’afficher aux côtés des grands manitous occidentaux. Quoi qu’il en soit, dès qu’on prend un peu de recul, on voit clairement que l’Occident compte utiliser ces États comme têtes de pont dans leurs régions d’Afrique respectives (l’Irak jouant déjà ce rôle pour l’ensemble du Moyen-Orient).

Les sommets des BRICS et de OCS (multipolaires)

Le sommet multipolaire d’Oufa est bien différent de celui du G7 au château d’Elmau. Pour commencer, les BRICS réunissent les forces géopolitiques parmi les plus notables d’Eurasie, d’Afrique et d’Amérique du Sud, chacune d’elles ayant un intérêt dans la construction d’un monde multipolaire. En ce qui concerne l’Afrique du Sud, comme nous l’avons vu, Zuma veut jouer à la politique avec les marionnettistes occidentaux alors que, en même temps, l’establishment de son pays est lancé sur une trajectoire multipolaire. Cette identité politique bipolaire fait de l’Afrique du Sud le plus faible et le plus instable des BRICS. Il est probable qu’il n’y a été intégré que pour servir de porte d’entrée économique au reste du continent, en commençant par les pays relativement stables du cône méridional. Cela dit, et quoi qu’il en soit de l’Afrique du Sud, il reste acquis que les BRICS poursuivront la mise en place de leur architecture financière non occidentale en renforçant la Nouvelle banque de développement (souvent appelée Banque des BRICS) dont la naissance a été annoncée il y a peu. Des déclarations fermes de rejet des sanctions unilatérales faisant clairement référence à la politique occidentale à l’encontre de la Russie sont probablement à l’ordre du jour, tout comme pourraient l’être quelques projets bilatéraux ou multilatéraux inattendus entre les membres du groupe.

La seconde partie de l’assemblée multipolaire, le sommet de l’OCS, s’annonce encore plus passionnante que celui des BRICS. Les principaux membres du groupe seront rejoints par tous les observateurs et partenaires du dialogue, la majorité de l’Eurasie étant représentée sous une forme ou une autre. On rapporte que l’Inde et le Pakistan seront finalement admis en tant que membres à part entière, tandis que la Russie a laissé entendre que la même chose pourra avoir lieu avec l’Iran si les sanctions internationales sont levées d’ici le 30 juin, juste avant le début de l’événement. De plus, le secrétaire général du groupe, Dimitri Mezentsev, a annoncé début février que la Syrie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Biélorussie et le Bangladesh demanderaient le statut d’observateur, tandis que les Maldives et le Népal ont demandé à participer au dialogue. Tout cela signifie que l’OCS est en passe de rassembler la plus grande partie de l’Asie en vue de constituer un jour un concert des grandes puissances dans les questions de sécurité de l’Eurasie. Les synergies envisagées entre des membres officiels et officieux aussi divers présentent certainement des difficultés, mais ce qu’il faut retenir, c’est que l’OCS s’emploiera à les faciliter par la mise en place d’un mécanisme de coopération plus étroite.

Cui Bono ? À qui profite le crime ?

Ayant vu ce qu’il en est des sommets du G7 et des BRICS/OCS, il convient de déterminer lequel des deux est le plus avantageux pour la Russie, et lequel lui est en fait stratégiquement préjudiciable.

G7 (OTAN + Japon) :

Le G8, comme on l’appelait lorsque Moscou en faisait partie, visait largement à rassurer l’Occident (Otan + Japon) et la Russie quant à leur sentiment réciproque d’insécurité. Les premiers avaient l’impression que les dirigeants russes pouvaient être influencés par la position pro-occidentale du groupe et que, si on leur laissait suffisamment de temps (comme le soutiennent toujours les atlantistes), ils finiraient par intégrer la communauté des nations occidentales en tant que partenaire junior. De son côté, la Russie avait une perception entièrement différente du groupe. Elle n’y voyait pas un abandon de ses intérêts ou de son identité, mais plutôt une reconnaissance triomphante de sa puissance et de son influence. Le fait que le chef de la Fédération russe était assis côte à côte avec ses pairs occidentaux dans les discussions autour des grands thèmes de l’année était une puissante marque de prestige. Cela montrait que, en dépit de ses objections permanentes concernant la démocratie, l’Occident traitait in fine la Russie sur un pied d’égalité.

Malheureusement, il est apparu que cette perception du G8 par la Russie était erronée, et que celle des pays occidentaux était plus proche de la réalité (également parce qu’ils représentent les 7/8 de ses membres). Cette pensée collective unipolaire a conduit à l’éviction de la Russie du G8 au début de la Nouvelle guerre froide, le groupe ayant annoncé clairement la couleur en se présentant comme une réunion unipolaire. Il n’a peut-être pas exercé explicitement cette fonction quand la Russie en faisait partie (1988-2014), mais c’est uniquement parce qu’il rongeait son frein à dessein en vue d’amener la Russie à se rapprocher (en particulier dans les dernières années Eltsine, lorsque la Russie s’est jointe à lui). Désormais, il n’a plus besoin de cette main de fer dans un gant de velours. Il peut se lâcher, d’où tout le battage agressif autour de la Russie et des sanctions. La Russie a semblé un peu déçue d’être évincée par le G8 l’année dernière, mais, rétrospectivement, c’est peut-être un mal pour un bien comme nous allons le voir.

BRICS/OCS (réunion multipolaire)

La Russie a mal calculé les avantages du G8, probablement parce qu’elle pensait pouvoir renforcer son influence en traitant d’égal à égal avec ses membres. Seulement, les deux seuls à être égaux dans le groupe étaient la Russie et les États-Unis, tous les autres étant inféodés à Washington et non des membres indépendants. La plus grande erreur de Moscou a donc été de penser que ces derniers poursuivraient logiquement leurs intérêts économiques et n’oseraient pas sanctionner leur partenaire ; la mise en œuvre des sanctions l’a démontré clairement. Ce rappel des faits en introduction de la section relative à l’assemblée multipolaire vise à montrer que celle-ci représente l’exact opposé des BRICS et de l’OCS. Dans ces organisations, tous les membres sont considérés comme égaux, aucun d’eux ne pouvant être décrit par quiconque comme une marionnette. La raison en est qu’ils ont tous suivi une trajectoire multipolaire au cours des deux dernières décennies, qui les a conduits à trouver un équilibre avec leurs principaux partenaires, comme dans le cas des pays d’Asie centrale vis-à-vis de la Russie et de la Chine. L’Inde, le Pakistan et l’Iran font de même, mais de manière plus affirmée que les pays d’Asie Centrale, en partie du fait de leur population plus nombreuses, d’une économie plus puissante et d’une plus grande liberté de mouvement géopolitique.

Rien de tout cela n’enlève cependant quoi que ce soit au fait que tous les membres des BRICS et de l’OCS sont des États indépendants ayant un programme de coopération commun. Les membres des BRICS s’attachent à instaurer un modèle économique plus équitable, d’où leurs initiatives de mise en place d’une architecture financière non occidentale et de renforcement de la coopération entre eux. Les membres de l’OCS, quant à eux, se caractérisent par leur opposition partagée aux fléaux que sont le terrorisme, le séparatisme et l’extrémisme. Ils sont très conscients des menaces existentielles que fait peser chacune de ces armes asymétriques. Si l’unité de vues entre l’Inde et le Pakistan laisse à désirer, il n’en demeure pas moins que tous deux souhaitent intégrer la même organisation régionale. Ils montrent ainsi que leur rivalité a ses limites et suscitent l’espoir que l’OCS pourra tempérer leur antagonisme mutuel. Après tout, tout le monde sait en Eurasie que les États-Unis profitent de tous les conflits et font tout pour y entretenir la division, et qu’ils ne répugnent pas à recourir au terrorisme, au séparatisme ou à l’extrémisme. Plus l’Eurasie est divisée, plus il est facile pour les États-Unis d’atteindre leurs objectifs stratégiques ; à l’inverse, plus elle est unie au travers de diverses structures (telles que l’OCS), mieux elle est armée pour résister et repousser toute ingérence extérieure superflue.

Conclusion

L’éviction de la Russie par le G7 a eu surtout pour conséquence, imprévue, le réveil de Moscou, qui rêvait jusque-là d’être acceptée par l’Occident et a brusquement pris conscience de sa situation cauchemardesque. En effet, l’Occident n’a jamais été un vrai partenaire, et tous ses gestes amicaux et déclarations de soutien ne visaient qu’au désarmement stratégique des décideurs russes. En réponse à la douche froide de la rhétorique anti-russe et aux agissements actuels de l’Occident (prétendument en bons termes avec Moscou il y a seulement quelques années), la Russie s’est tournée vers l’est et a déclaré fermement son intention de construire un monde multipolaire. Bien qu’annoncée de longue date, cette initiative n’a jamais été autant prise au sérieux qu’aujourd’hui. L’Occident a fait la preuve qu’il ne pourra jamais cohabiter pacifiquement avec la Russie tant que le caractère unipolaire restera à l’ordre du jour, et que la seule possibilité pour la Russie d’être traitée sur un pied d’égalité (sans même parler de sa survie sous sa forme politique et territoriale actuelle) consistera à se tourner résolument et définitivement vers l’Eurasie.

En conséquence, la Russie et la Chine se sont attachées à simplifier leur partenariat stratégique pour en faire le moteur de l’intégration pan-eurasienne (qui a déjà fait ses preuves dans le passé, mais pas à une échelle aussi ambitieuse) et instaurer la vision multipolaire qu’elles partagent. Dans ce contexte, les réunions multipolaires des BRICS et de l’OCS à Oufa peuvent être considérées comme la prochaine étape majeure de cette initiative. Il est d’ailleurs hautement symbolique qu’elles soient accueillies cette année par la Russie (et en plus, consécutivement). Rien d’autre ne saurait montrer à l’Occident avec plus d’éclat que la Russie le rejette autant qu’il rejette lui-même la Russie, aussi surprenant que cela puisse lui paraître de prime abord. Moscou indique que toute coopération entre la Russie et l’Occident devra dès lors obéir à ses conditions multipolaires de respect et d’égalité géopolitiques authentiques, et que l’époque où la Russie se précipitait dans les structures mises en place par l’Occident est depuis longtemps révolue. À la place de reliques unipolaires telles que le G7, des institutions multipolaires émergentes telles que les BRICS et l’OCS sont devenues les acteurs les plus dynamiques des événements mondiaux. Les intérêts souverains de la Russie sont mieux servis et protégés par l’alternative multipolaire que l’Occident lui a imposée involontairement.

Andrew Korybko

Traduit par Gilles Chertier, relu par jj  pour le Saker Francophone

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Le rêve américain : du G1 + supplétifs, à Bilderberg

«...WikiLeaks a publié, au moment opportun, l’annexe sur les soins de santé de la version provisoire et secrète du chapitre du PTP portant sur la Transparence, de pair avec la position de négociation de chaque pays. Pas étonnant que la version préliminaire soit secrète. Et l’accord n’a rien de transparent; il s’agit carrément d’un braquage flagrant des autorités sanitaires nationales par les grandes sociétés pharmaceutiques.

Pour résumer, ces trois mégas accords (PTP, TTIP et ACS) représentent le modèle absolu de ce qu’on pourrait poliment décrire comme une gouvernance d’entreprise mondiale, qui fait saliver Bilderberg. Les perdants : les États-nations et le concept même de démocratie occidentale. Les gagnants: les méga-multinationales..."
Pepe Escobar

Pepe Escobar

Par Pepe Escobar – 11 juin 2015 – Source Russia Today

Quel est le lien entre le sommet du G7 en Allemagne, la visite du président Poutine en Italie, la réunion du groupe Bilderberg en Autriche et les négociations en cours à Washington à propos de l’accord de libre-échange TTIP [Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement] USA-UE ?

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Russie et Chine : prenez garde Moody’s, Fitch et S&P ! Le coach ne sera plus l’arbitre

Les agences de notation sont des piliers essentiels de la domination du dollar après 1971 et un instrument important de la politique étrangère des États-Unis. Le mouvement des Russes et des Chinois pour fonder leurs propres agences constitue un développement majeur et un défi à l’ordre financier mondial établi.


William Engdahl

Par F.William Engdahl – Le 1er juin 2015 – Source Russia Insider

Au cours du quart de siècle, à peu près, de ce qu’on appelle la mondialisation, la capacité de Wall Street à héberger les seules agences de notation dominantes mondiales qui fournissent des évaluation de la solvabilité du monde a été l’une des armes les plus efficaces de la guerre financière dans l’arsenal de ce même Wall Street. Elles évaluent des pays ainsi que des sociétés privées.

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