La Chine construit une base militaire au Tadjikistan


Par Vladimir Platov – Le 4 novembre 2021– Source New Eastern Outlook

Après l’échec du retrait américain d’Afghanistan et l’arrivée au pouvoir à Kaboul des Talibans, le système de sécurité régionale en Asie centrale a commencé à subir un reformatage rapide. De nouveaux acteurs, entre particulier les États-Unis, la Turquie et la Chine, tentent de pénétrer dans la zone d’influence et de responsabilité traditionnelle russe, sur le territoire des anciennes républiques soviétiques.

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Quelle est la stratégie de l’OCS pour l’Afghanistan?


Par Andrew Korybko − Le 9 juillet 2021 − Source OneWorld

andrew-korybkoL’Organisation pour la Coopération de Shanghai ferait bien de coordonner les actions de ses membres pour contenir les menaces terroristes émanant d’Afghanistan vers les pays frontaliers, telle ISIS-K, d’encourager un compromis politique entre Kaboul et les Talibans, et d’élaborer un plan pour développer le potentiel de connectivité porté par ce pays ravagé par la guerre, afin d’assurer sa stabilité à long terme.

L’organisation de coopération de Shanghai


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Guerres hybrides : 4. Dans le grand Heartland (V)


Hybrid Wars 2. Testing the Theory – Syria & Ukraine

Par Andrew Korybko (USA) – Le 8 avril 2016 – Source Oriental Review

 

La bombe à retardement ethnique du Grand Ouzbékistan

La vulnérabilité socio-politique la plus flagrante de l’Asie centrale est l’idée d’un Grand Ouzbékistan qui lie l’État titulaire avec sa diaspora voisine au Kazakhstan, au Kirghizistan et au Tadjikistan. Voici les descriptions de situation pour chacun des pays qui pourraient être victimes de façon prévisible de ce projet géopolitique.
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Guerres hybrides : 4. Dans le grand Heartland (IV)


Hybrid Wars 2. Testing the Theory – Syria & Ukraine

Par Andrew Korybko (USA) – Le 8 avril 2016 – Source Oriental Review

 

Histoire des tentatives américaines de révolutions régionales

Le scénario de déstabilisation le plus important qui pourrait jamais se produire en Asie centrale, c’est un printemps arabe – comme événement qui ravagerait la région et bouleverserait de manière irréversible l’équilibre politique existant. L’aspect intéressant de cette possibilité est qu’elle a été effectivement tentée deux fois auparavant, avant même que le printemps arabe ne se déroule. Avant d’entrer dans les détails et ré-examiner quelques aspects négligés de l’histoire, il est important de rappeler au lecteur que les États-Unis se sont toujours efforcés d’impulser des transformations de pouvoir à l’échelle régionale.

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Guerres hybrides : 4. Dans le grand Heartland (III)


Hybrid Wars 2. Testing the Theory – Syria & Ukraine

Par Andrew Korybko (USA) – Le 4 avril 2016 – Source Oriental Review

Andrew continue son petit tour d’Asie centrale et balaye la situation des pays proches de l’Afghanistan, dont la déstabilisation par l’armée US après le 9/11 n’a pas fini de provoquer des remous dans cette région des Balkans Eurasiens.

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Guerres hybrides : 4. Dans le grand Heartland (II)


Hybrid Wars 2. Testing the Theory – Syria & Ukraine

Par Andrew Korybko (USA) – Le 4 avril 2016 – Source Oriental Review

Aussi prometteur de potentiel que soit le Grand Heartland dans l’accomplissement de ce qui semble être le destin inévitable multipolaire du monde, il court le risque d’être freiné par la manipulation adroite de ses vulnérabilités socio-politiques de type Balkans eurasiens.

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Guerres hybrides :
4. Dans le grand Heartland (I)


Hybrid Wars 2. Testing the Theory – Syria & Ukraine

Par Andrew Korybko (USA) – Le 25 mars 2016 – Source Oriental Review

Le Grand Heartland acquiert son importance stratégique et économique  première en qualité de pivot de l’intégration multipolaire du supercontinent. Comme cela a été mentionné à la fin de la partie 3, il y a un chevauchement direct entre l’Union eurasienne de la Russie, la Nouvelle Route de la soie de la Chine, et les pays comme le Kazakhstan, le Kirghizistan et le Tadjikistan, qui  sont actuellement connectés par ces deux projets.

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Ukraine : comment la promesse d’abondance de l’UE s’est transformée en cauchemar économique


Par Ivan Lisan – Le 11 avril 2015 – Source thesaker.is

L’économie politique de la guerre civile : comment l’Ukraine est devenue aussi pauvre que le Tadjikistan en une année seulement

Le Tadjikistan a longtemps été considéré comme la plus pauvre des anciennes Républiques soviétiques. Par exemple, en 2013, son PIB par habitant, basé sur la parité du pouvoir d’achat, était de $2536, alors que pour l’Ukraine il était de $8652. Il pourrait sembler de mauvais goût de comparer le Tadjikistan pauvre, qui est passé par le creuset de la guerre civile, avec l’Ukraine encore prospère il y a peu.

Mais ce n’est pas si simple. Le départ de la guerre civile et la désintégration de l’Ukraine ont rendu une telle comparaison possible et adéquate, parce que pour comprendre l’ampleur de l’appauvrissement de l’Ukraine en une année seulement, il est juste de comparer certains de ses indicateurs économiques avec ceux du Tadjikistan.

Toutes les guerres civiles se ressemblent

Bien que les gens en Ukraine aient commencé à se battre les uns contre les autres dans la 23e année de leur indépendance, la guerre a éclaté au Tadjikistan seulement cinq mois après sa déclaration d’indépendance, le 9 septembre 1991. Et ce n’est que le 27 juin 1997, à la neuvième rencontre au Kremlin, entre des représentants du gouvernement tadjik et l’opposition unie, qu’un accord de paix final a été signé.

Rien qu’en 1992 et 1993, près de 60 000 personnes ont été tuées au Tadjikistan, et le nombre de réfugiés pour la seule année 1994 a été évalué entre un million et un million et demi de personnes. Selon diverses estimations, les dommages économiques ont atteint entre $7 milliards et $10 milliards. Quelque 150 000 maisons ont été incendiées et 15 000 autres pillées. Dans l’oblast de Qŭrghonteppa [1], au sud, près de 80% de la capacité industrielle a été détruite. En 1997, la production industrielle du Tadjikistan avait chuté de 72%.

L’Ukraine vient de commencer son voyage sur cette route sanglante, mais même avant le chaudron de Debaltsevo, la guerre avait causé plus de 50 000 victimes, selon les services de renseignement allemands. A la fin du quatrième trimestre, le PIB réel de l’Ukraine avait baissé de 15.2%, sans y inclure celui de la Crimée et des Républiques populaires de Lougansk et Donetsk, qui ensemble représentaient environ 20% du PIB du pays. Le 20 février, suite aux combats dans la République populaire de Donetsk, 90% de sa capacité industrielle avait été détruite ou tournait au ralenti. La destruction de maisons et d’infrastructures est incalculable. Et même si c’est seulement le début, la population ukrainienne est déjà tombée au niveau d’appauvrissement du Tadjikistan.

Retraites et salaires de base

La pension de retraite en Ukraine se monte à 979 hryvnia, et le salaire minimum à 1218 hryvnia. La retraite de base et le salaire minimum au Tadjikistan sont tous deux de 250 somoni.

Au taux de change officiel, un dollar US valait 21 à 22 hryvnia le 14 mars dernier, mais le taux actuel est de 26. Il faut 5,53 solomi pour avoir un dollar.

Donc si nous convertissons les pensions et les salaires en Ukraine et au Tadjikistan en dollars US, nous trouvons ce qui suit:

Au taux de change officiel, la retraite de base en Ukraine est de quelque 44 dollars (mais de $37.60 au taux réel), et la retraite de base au Tadjikistan est de $45.20;

Le salaire minimum en Ukraine au taux officiel est d’environ $55 (actuellement $46.80), et le salaire minimum au Tadjikistan est de $45.20.

A titre de comparaison, il y a un an, lorsque 1 dollar équivalait à 8 hryvnia, la retraite de base en Ukraine était de $118, et le salaire minimum correspondait à $152.

En septembre, le président du Tadjikistan Emomali Rahmon a promis d’augmenter le salaire minimum de 50%, à 400 somoni. Les bourses pour les étudiants seront augmentées de 30% en moyenne. Six milliards de somoni seront consacrés à ce but.

En Ukraine, la prochaine augmentation de la retraite de base et du salaire minimum doit prendre effet en décembre de cette année. Le Conseil des ministres de Kiev a promis d’augmenter la retraite de base à 1074 hryvnia, et le salaire de base à 1378 hryvnia, mais seulement s’il n’est pas obligé de réduire les dépenses dans les programmes sociaux. Étant données les mesures d’austérité imposées par le FMI, une augmentation des retraites et des salaires semble presque aussi probable que l’atterrissage d’astronautes sur la surface nébuleuse d’Uranus. Même si Emomali Rahmon ne remplit pas sa promesse, en termes de salaire minimum et de retraite de base, les Tadjiks vivent déjà un petit peu mieux que les Ukrainiens.

Travailleurs migrants

Selon les chiffres fournis par Konstantin Romodanovsky, directeur du Service fédéral des migrations de Russie, en 2013, environ trois millions de travailleurs ukrainiens ont gagné $27 milliards en Russie. Au début de 2015, il y avait plus de 1 300 000 hommes ukrainiens en âge de faire du service militaire en Russie. En tout, cinq à sept millions d’Ukrainiens ont quitté leur pays pour chercher du travail et en 2014, ils ont envoyé $9 milliards en Ukraine.

Le nombre de travailleurs migrants tadjiks en Russie est estimé entre un million et 1,2 million, et ils représentent plus de 90% de tous les migrants du Tadjikistan. Ensemble, ils ont envoyé $1,5 milliards à leurs familles pendant le premier semestre de 2014.

En 2014, la population du Tadjikistan était de 8,2 millions, et la proportion de la population en âge de travailler était environ de 60%, soit 4 920 000 personnes.

La population de l’Ukraine était de 45 490 000 en 2013. Depuis 2014, lorsque les manifestations de l’Euromaïdan ont commencé le processus de désintégration, la Crimée (environ deux millions d’habitants) a officiellement quitté l’Ukraine, et les Républiques populaires de Lougansk et de Donetsk (la RPL avec 1,2 million et la RPD avec 1,8 million) ont aussi fait sécession, pour des raisons évidentes. Donc, selon des estimations grossières, la population ukrainienne est tombée à 40,5 millions. La proportion de la population active en Ukraine en 2013 était d’environ 48%. Par conséquent, en 2014, le nombre de citoyens valides n’était que de 19,4 millions (en y incluant la RPD et la RPL, 21,2 millions).

Si nous faisons un calcul sommaire de la proportion de citoyens en âge de travailler ayant émigré pour chercher du travail (parce que l’auteur de cet article n’a pas de données sur le nombre de travailleurs migrants de Crimée et des deux républiques populaires), il s’avère qu’un quart ou un tiers de la population active d’Ukraine a quitté le pays. En comparaison, au Tadjikistan ce nombre est de 25% à peu près.

Donc environ un quart des populations du Tadjikistan et d’Ukraine ont émigré pour chercher du travail.

Seul Dieu sait combien de temps durera la guerre civile, combien de victimes elle fera et combien de villes elle détruira, mais un an après le commencement de la guerre, l’Ukraine a déjà atteint le niveau de destructions causé par la guerre civile au Tadjikistan.

L’Ukraine n’a pas encore fait défaut sur sa dette, mais son salaire minimum et ses retraites de base sont tombés aux niveaux du Tadjikistan, bien qu’une année plus tôt, un déclin si rapide ait semblé inconcevable. De plus, en Russie, les travailleurs migrants ukrainiens remplacent progressivement les gens venus d’Asie centrale.

Et ce n’est que le début. Maintenant, les Ukrainiens et les Tadjiks ont plus d’une chose en commun. Non seulement ils ont fait partie de l’Union soviétique, mais ils partagent aussi un destin semblable: avec leurs vies en ruines, ils parcourent le monde à la recherche de travail.

Ivan Lisan

Article original traduit du russe en anglais par Robin

Traduit de l’anglais par Diane pour le Saker Francophone

Note
[1] L’oblast de Qurghonteppa était une subdivision administrative du Tadjikistan jusqu’en 1992, lorsqu’il a été fusionné avec l’oblast de Kulob pour créer la province de Khatlon.

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